La quatrième tentative a finalement porté ses fruits pour l’Union Bègles-Bordeaux (UBB). Après trois tentatives infructueuses en demi-finale durant les trois dernières saisons, l’UBB est enfin parvenue à se qualifier pour la finale du Top 14, le samedi 22 juin, en battant de justesse le Stade français sur leur terrain (22-20). C’est grâce à une transformation ratée par le Parisien Joris Segonds dans les ultimes secondes que l’UBB a réussi à franchir ce premier obstacle crucial. Cependant, un autre défi de taille les attend vendredi prochain à la finale de Marseille : l’affrontement contre le Stade toulousain, actuel champion de France et récemment couronné à l’échelle européenne en Champions Cup, il y a à peine un mois.
Pour vaincre le Stade Français qui les avait battus à deux reprises durant la phase régulière, les hommes de Yannick Bru ont dû s’adapter à l’humidité samedi, mettant un frein à leur enthousiasme habituel. Dans ces conditions, les mauls étaient leur stratégie principale et cinq essais ont été marqués de cette manière par les deux équipes.
Les deux premiers essais ont été réalisés avec succès par Maxime Lamothe (17e, 21e) pour donner de l’élan à son équipe (17-3), suivis par une réaction des Parisiens à la demi-heure de jeu avec Romain Briatte en marqueur final, puis par le talonneur substitut du Stade Lucas Peyresblanques (62e). Les vrais fans de rugby ont savouré ces moments. Le stade était en ébullition.
Pour observer un peu d’insanité dans cette partie dominée par l’échec de l’UBB en touche, le scrummage victorieux des Soldats roses, mais également leur surabondance de faux pas au contact, il a été nécessaire d’attendre le deuxième acte et le premier véritable sursaut des Unionistes qui a abouti 80 mètres plus loin. A l’initiative de cela, la rapidité fulgurante des trois quarts, avec un coup de boost de Louis Bielle-Biarrey, avant que le jeu ne dévie vers Damian Penaud pour un passage décisif à Pierre Bochaton, déjà le buteur décisif de la victoire en fin mars dans ce même stade contre Toulouse. Tel un emblème.
La conclusion de la rencontre, tandis que les Bordelais jouissaient d’un avantage de sept points – équivalent à un essai converti – a vu les protégés de Laurent Labit déployer toutes leurs dernières ressources dans une lutte pour l’équité. Scrummages, touchés, mauls : leur combat acharné, supérieur, a payé mais Peyresblanques n’a réussi à doubler son capital d’essai qu’en coin (80+5), entravant le coup de pied de son buteur.
Malchanceux sur un drop et déjà une transformation à chaque fois sur le montant, Joris Segonds, avant son départ pour Bayonne, a raté le dernier coup de pied de la saison du Stade français dans la jubilation d’un Matmut célébrant leurs champions.
« Nous sommes dépités, extrêmement dépités », a déploré Jeremy Ward, centre du Stade français. « Nous avons réalisé une saison exceptionnelle, mais le match le plus crucial de l’année, nous l’avons perdu. »
« Nous ne pouvons pas y aller en tant que simple spectateur ».
Trois décennies plus tard, suite au triomphe du CABBG, symbolisé par la célèbre tortue représentant les « Rapetous » – Vincent Moscato, Serge Simon et Philippe Gimbert – dirigés par Bernard Laporte, qui avait déjà affronté Toulouse (19-10), la métropole de la Gironde va de nouveau propulser une équipe en finale du championnat.
« J’ai toujours exprimé mon aspiration à toucher le Bouclier de Brennus », confiait Laurent Marti, président de l’UBB, issu d’une fusion réussie entre Bègles-Bordeaux et le Stade Bordelais au milieu des années 2000, il y a une décennie. Il a patienté treize ans et l’ascension en Top 14 pour observer son équipe monter en puissance et se rapprocher de ce célèbre trophée tant convoité ; et l’adversaire sera l’invincible Toulouse, une organisation décorée vingt-deux fois, dont il a autrefois porté les couleurs en tant que junior, son exemple en termes de gestion économique et sportive.
« Aujourd’hui, ils ont une longueur d’avance, c’est un fait connu et visible, ils sont les favoris incontestables de toutes les compétitions auxquelles ils participent », a reconnu le gérant de l’union Bordeaux-Bègles, Yannick Bru, qui a remporté deux championnats et deux Coupes d’Europe en tant que membre du Stade toulousain. « De notre côté, notre focus est notre propre satisfaction. Entrer en finale ne signifie pas simplement être un spectateur. »
En raison de son manque d’expérience, l’UBB est considérée comme le challenger, trois ans après avoir déjà rencontré l’équipe d’Ugo Mola en demi-finale lors d’un match à huis clos désolant à Lille.