Lorsqu’on pose la question au coach Serhiy Rebrov et à son équipe sur leurs intentions pour l’Euro 2024 de football, les réponses varient. Ils souhaitent honorer les soldats qui luttent pour libérer leur pays de l’occupation russe. Ils veulent aussi apporter un peu de gaieté et de fierté à leur peuple, qu’ils soient réfugiés ou toujours au pays. Ils cherchent à rappeler à l’Europe et au monde entier, la dure réalité de la guerre. L’émotion qui entoure l’équipe ukrainienne est telle qu’on en oublie leur objectif premier : remporter le maximum de matchs et progresser le plus possible dans le tournoi.
Sans pour autant rêver de soulever le trophée Henri-Delaunay le 14 juillet au stade olympique de Berlin, ils envisagent une qualification pour les huitièmes de finale. Après tout, ils avaient réussi à se hisser en quart de finale en 2021, avant que leur vie ne soit bouleversée. Cependant, leur défaite initiale face à la Roumanie (0-3), le lundi, a rendu leur mission plus compliquée.
Le vendredi 21 juin à Düsseldorf, le capitaine Andriy Yarmolenko et son équipe devaient alors redoubler d’efforts face à la Slovaquie, qui avait surpris en sortant victorieuse contre la Belgique (1-0) quelques jours plus tôt. « Nous croyons bien sûr que nous pouvons y arriver », déclarait Oleksandr Zinchenko, latéral d’Arsenal, lors de la conférence de presse avant le match. « Mais dire et faire sont deux choses différentes. »
Sur le plan géopolitique, ce match revêtait une importance symbolique.
Juste avant 17h, l’arbitre britannique Michael Oliver a sonné la fin du match, et Roman Yaremchuk s’est effondré à genoux, en pleurs. Il était le sauveur de cette confrontation, ayant assuré la victoire des Bleu et Jaune (2-1) à la 80e minute. La Merkur Spielarena a pu laisser éclater sa joie en scandant : « U-kra-ï-ny ! U-kra-ï-ny ! »
Le match du jour avait une importance cruciale sur le plan sportif, c’est pourquoi Serhiy Rebrov et ses joueurs s’étaient concentrés uniquement sur le jeu. Néanmoins, il y avait une certaine symbolique géopolitique, la Slovaquie étant l’un des rares pays de l’Union européenne (UE) où le Premier ministre, Robert Fico, et le Président, Peter Pellegrini, sont connus pour leur discours en faveur de Moscou. En janvier, Fico avait déclaré que l’Ukraine n’était pas une nation souveraine et qu’elle devait céder une portion de son territoire à son voisin de l’Est, une position qu’il a adoucie par la suite.
Cependant, derrière le match contre les Faucons se posait la problématique des expressions politiques potentielles dans les tribunes. Selon les réglementations de l’UEFA, qui supervise le football sur le continent, elles ne sont pas autorisées. Toutefois, la situation est un peu plus complexe pour l’Ukraine, déterminée à transformer cette première grande compétition de son équipe depuis le début du conflit en une plateforme pour sa cause, un conflit pour lequel l’agresseur a été formellement condamné par les instances du football.
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