La cité de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) se modernise en prévision des Jeux olympiques de Paris 2024. Un nouveau secteur résidentiel a émergé à l’est de la ville, dans la région de Pleyel-Confluence, pour accueillir une section du village des athlètes. Situé également sur les territoires de Saint-Ouen et de l’Ile-Saint-Denis, il hébergera cet été 14 500 athlètes et 9 000 para-athlètes. En totalité, il offre environ 330 000 m2 d’espace utilisable.
Ces installations ne sont pas permanentes, mais représentent la « phase des Jeux ». À l’automne, des travaux supplémentaires sont prévus pour la « phase d’héritage ». Les cloisons des chambres seront enlevées, les unités de salle de bains démantelées, les murs repeints, et de nouveaux parquets seront installés. Cette nouvelle zone devrait alors offrir 2 200 nouveaux logements, dont 800 logements familiaux et 300 logements étudiants.
Le coût moyen de ces logements est d’environ 7 000 euros le m2, ce qui est assez élevé pour Saint-Denis, où les prix habituels varient entre 4 000 et 7 000 euros, comme l’indique un agent immobilier local. « Sept mille euros par m2, c’est pour des immeubles de première qualité et des maisons haut de gamme, situés à proximité du métro et dans des rues agréables », précise-t-il. Le prix des appartements du village olympique est considéré comme élevé pour la ville, le secteur, et surtout pour ce genre de construction.
« Transformation des terrains vacants ».
La peur d’une possible gentrification de Saint-Denis est récurrente parmi ses habitants. Sarah et Joan, un couple dans la trentaine résidant à La Plaine depuis une décennie, prévoient une hausse des coûts suite à tous ces nouveaux développements et infrastructures. Chloé, qui a 23 ans et a toujours vécu à Saint-Denis, partage leurs préoccupations. Elle affirme : « Il est évident que cette tendance est présente. Nous le remarquons déjà dans le centre de Saint-Denis où les résidents semblent globalement plus fortunés ».
L’administration de la ville de Saint-Denis tente d’apaiser ces craintes. Adrien Delacroix, adjoint au maire en charge de l’urbanisme et de l’aménagement durable, insiste sur le fait que l’objectif des Jeux n’est pas la gentrification, mais de créer une cité équilibrée et durable. Il souligne que les nouvelles résidences n’ont pas remplacé les anciennes, mais ont été construites sur d’anciens sites industriels, en accord avec la stratégie de développement de la région.
Proche du village olympique, la Tour Pleyel, anciennement un immeuble de bureaux, a été transformée en hôtel de luxe nommé H4 Hotel Wyndham Paris Pleyel Resort. De son côté, la halle Maxwell, un ancien édifice industriel désaffecté dans les années 80 et situé à proximité du village olympique, a été entièrement rénové pour devenir le siège temporaire du comité d’organisation des Jeux et le ministère de l’intérieur s’y établira par la suite.
À une certaine distance, dans le secteur de La Plaine, l’Olympic Aquatic Center fut inauguré précisément deux mois auparavant. L’immense établissement accueillera des compétitions telles que le plongeon, le water-polo et la natation synchronisée. Après les Jeux, il sera repensé et deviendra un centre multisport accessible à tous.
La population de Saint-Denis a des avis partagés sur l’avenir qui les attend. Certaines personnes, comme Abdel, un homme dans la quarantaine qui vit à La Plaine, sont optimistes. Il pense que « Le centre aquatique se transformera en une piscine pour les habitants de Saint-Denis, et c’est une bonne chose. Surtout à La Plaine, où nous sommes un peu isolés du centre-ville. Au contraire, il y a ceux qui expriment leurs doutes. Léa, qui vit également à La Plaine, déclare: « Je pense que certaines installations comme la piscine olympique profiteront aux résidents, mais pas à tous. Avec un prix de vente de 7000 euros le mètre carré, le logement du village olympique est exorbitant! Surtout pour les habitants actuels. »
L’arrivée de nouveaux acheteurs plus fortunés a également été remarquée par les agences immobilières de Saint-Denis. « Ces dernières années, nous avons constaté une augmentation de la demande. Les acheteurs d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux que nous avions l’habitude de voir », explique un représentant de Laforêt, une agence immobilière localement présente. Selon lui, les prix des logements à Saint-Denis ont connu une augmentation significative au cours des cinq dernières années, soit entre 30% et 40%, bien au-dessus de la moyenne en Île-de-France, qui se situe entre 5% et 10% selon le site des notaires du Grand Paris.
Afin d’empêcher le déplacement des ménages à faibles revenus vers des quartiers moins désirables, la municipalité a instauré diverses mesures de soutien. « Nous utilisons tous les moyens à notre disposition pour réguler le marché de l’immobilier. Depuis 2022, nous avons décidé de participer au dispositif de plafonnement des loyers », explique Adrien Delacroix. De plus, la municipalité met un fort accent sur la création de logements à prix abordable, que ce soit dans le privé ou dans le cadre de l’accession sociale à la propriété avec un bail réel solidaire. Plus de 20 % de notre production résidentielle est consacrée à ce type d’accession, ce qui nous permet d’assurer la pérennité des ménages à revenus modestes et moyens.
Aux dires des agences immobilières de la ville, ce n’est pas tant le développement réalisé en vue des Jeux de Paris 2024 qui serait le principal moteur de la gentrification, mais plutôt l’arrivée de nouvelles lignes de transport grâce au Grand Paris Express. « Après les Jeux, on peut anticiper une flambée des prix de l’immobilier due à une demande accrue, principalement en raison du renforcement de l’offre de transport en commun », indique l’agence Ours L’immobilier.
La gare Saint-Denis-Pleyel, qui sera l’une des plus grandes du Grand Paris Express, représentera un point de convergence entre les lignes de métro 14, 15, 16 et 17 et son inauguration est prévue pour le 24 juin. Saint-Denis continue sa transformation sous la surveillance attentive de ses résidents.
Ce sujet a été réalisé grâce au soutien de Visa, partenaire mondial des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dans le cadre du projet « Terrains de Jeux ».
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