Lors des Jeux olympiques qui se tiendront à Paris, plusieurs équipes féminines japonaises, participantes en volley, en athlétisme ou encore en tennis de table, porteront des tenues dotées d’une nouvelle technologie visant à prevenir l’obtention d’images suggestives. Le concept, initié par le fournisseur d’équipement japonais Mizuno, vise à contrer une tactique voyeuriste qui utilise la photographie infrarouge pour révéler les sous-vêtements et les figures des athlètes. Ces photographies sont partagées en ligne contribuant ainsi au harcèlement des sportives.
Kazuya Tajima, qui fait partie de l’équipe de développement chez Mizuno, aspire à ce que l’utilisation de ce tissu par les athlètes de haut niveau amène la société à prendre conscience de l’inadmissibilité du voyeurisme. La volonté de développer ce tissu a été motivée par le fait que « les appareils photo deviennent de plus en plus performants avec l’utilisation de l’infrarouge qui révèle les dessous et les corps sous les maillots et shorts ».
Le tissu, qui est le fruit d’une collaboration entre Sumitomo Metal Mining et Kyodo Printing, incorpore des matériaux qui absorbent la lumière dans la gamme infrarouge. Mei Kodama, une athlètiste âgée de 25 ans qui a participé au relais 4×100 mètres lors des jeux de Tokyo en 2021, a fait l’essai d’une tenue confectionnée à partir de cette nouvelle matière et l’a jugée « plus confortable qu’elle ne le pensait ».
La problématique de la lutte renforcée contre les photographies explicites ou semi-explicites de sportives est en train de se développer. Ces images peuvent avoir un impact profond sur les victimes. Reiko Shiota, qui faisait partie de l’équipe de badminton aux Jeux Olympiques de Pékin (2008) et de Londres (2012), a malheureusement fait l’expérience de cette violation. Des photos dévoilant sa poitrine et son corps inférieur ont été largement partagées en ligne. La présence constante de photographes la dérangeait durant les jeux, malgré ses efforts pour ignorer le son de leurs appareils photo ciblant son buste ou ses fesses.
Airi Hatakeyama, qui a représenté le Japon en gymnastique rythmique aux Jeux Olympiques de Londres (2012) et de Rio (2016), a été horrifiée de découvrir que certains la sexualisaient avec leurs photos suggestives, alors qu’elle était encore mineure. Depuis 2004, la fédération de gymnastique a pourtant interdit les photographies lors des compétitions et déployé du personnel pour repérer d’éventuels contrevenants.
Selon Norihide Ishido, expert en politiques sportives à l’université Chukyo, le voyeurisme est un comportement méprisable qui impose un fardeau psychologique à ces athlètes. Il insiste sur la nécessité de créer un environnement sécuritaire pour elles.