La finale de l’Euro 2024 aura lieu le 14 juillet à l’Olympiastadion de Berlin, soulignant un contraste notable : Berlin, la capitale de la première économie de la zone euro, ne joue pas un grand rôle dans le football allemand. A la différence de villes comme Londres ou Madrid, les équipes berlinoises sont rarement en tête de liste et leurs joueurs ont du mal à se faire remarquer sur la scène internationale. Bien que le FC Union ait fait une ascension notable en Bundesliga en 2019 et se soit qualifié pour la Ligue des champions en 2022-2023, il n’a fini que 15e du championnat cette saison. De son côté, son rival historique, le Hertha BSC de l’ex-Berlin-Ouest, se situe en deuxième division (9e cette année).
Ce fait est le reflet de la géographie économique de l’Allemagne, héritée de la guerre froide et de la division du pays : le sud et l’ouest du pays sont la plaque tournante industrielle, alors que Berlin, en dépit de l’émergence d’un secteur technologique ces dernières années, reste principalement un noyau politique et administratif au sein de l’Allemagne de l’Est. C’est une histoire qui se traduit dans l’architecture des stades des deux clubs berlinois.
Ainsi, à l’Olympiastadion, situé dans le quartier prospère de Charlottenburg-Wilmersdorf, à l’ouest de la capitale, il est impossible d’ignorer les origines nazies du gigantesque stade en pierre où joue le Hertha BSC. Le stade de 75 000 places, avec sa grande entrée ornée des anneaux olympiques et ses colonnades de style néoclassique nazi, a été inauguré lors des tristement célèbres Jeux Olympiques de 1936. Il est difficile de ressentir le frisson de l’Olympiastadion.
L’Olympiastadion, construit autour de sa piste d’athlétisme, a une forme ovale qui place les fans de football loin de l’action sur la pelouse. Contrairement aux stades de Dortmund ou Gelsenkirchen, adorés par les footballeurs, l’Olympiastadion ne sera jamais considéré comme un haut lieu du football en raison de sa configuration. Officiellement, il n’y a pas de zones spécifiques pour les supporters debout près des buts, rendant l’atmosphère moins vibrante.
D’un autre côté, le stade de l’Est qui accueille le FC Union propose une expérience radicalement différente. Nommé officiellement « An der alten Försterei » (ou « à la vieille forêt »), ce stade se situe dans le sud-est de Berlin, dans le quartier ouvrier de Treptow-Köpenick. Pendant longtemps négligé par les autorités, c’est grâce à l’effort indéniable de ses fans passionnés que le stade a pu être restauré et modernisé.
Face à l’impossibilité de financer les réparations nécessaires pour que le stade soit conforme aux normes, les supporters du club ont fait preuve d’une détermination sans faille. Entre 2008 et 2009, 2 000 volontaires ont travaillé dur pour rénover les gradins, construire des toits et installer un système de chauffage pour la pelouse, accumulant un total de cent quarante mille heures de travail. D’autres travaux de rénovation ont été effectués en 2012.
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