« Sélection Serbe Russophile à l’Euro »

Il est clair que la pénalité est toujours en place : la sélection russe de football demeure exclue des compétitions internationales suite à l’invasion de l’Ukraine. Cependant, même sans la présence de la Sbornaya, une essence de la Russie sera ressentie à Gelsenkirchen (Allemagne) le dimanche 16 juin. A 21 heures, la Serbie s’opposera à l’Angleterre, marquant son retour à l’Euro après presque un quart de siècle et suite à la dissolution de la République fédérale de Yougoslavie, demi-finaliste en 2000.

Par un twist ironique du destin, cette occasion mémorable se déroulera sur le terrain de la Veltins-Arena. Notamment, le club local, Schalke 04, a récemment renoncé à son financement de millions d’euros du géant énergétique Gazprom suite à la manœuvre de fin février 2022. Curieusement, parmi toutes les vingt-quatre équipes participant au tournoi, les Aigles blancs se distinguent : ils ont effectué une étape aux abords de la Moskova dans le cadre de leur entraînement.

Le 21 mars, ils ont eu une confrontation avec leurs homologues russes, sous les regards attentifs de leurs ministres des affaires étrangères, Ivica Dacic et Sergueï Lavrov, qui étaient confortablement installés dans les gradins de la VTB-Arena, l’habitat courant du Dynamo Moscou. Ce face à face était loin d’être insignifiant : bien que les sanctions imposées par la Fédération Internationale de Football (FIFA) et l’Union des Associations Européennes de Football (UEFA) n’affectent pas les matchs amicaux, seuls quelques pays avaient jusqu’à présent osé franchir cette limite. Le Tadjikistan, le Kirghizistan, l’Iran, l’Irak, le Cameroun et même Cuba. Pas un seul pays du Vieux Continent, même pas l’allié biélorusse, qui a depuis accueilli le Sbornaya, le 7 juin, à Minsk.
La Bosnie-Herzégovine avait manqué de peu de franchir cette ligne à l’automne 2022, mais cette possibilité avait suscité l’indignation du public et des joueurs. « Ma position est claire et elle n’inclut pas de jouer ce match alors que des innocents sont tués », avait notamment déclaré le capitaine, Edin Dzeko. Le match a donc été reporté à une date ultérieure indéterminée. Quant au voisin serbe, aucune protestation n’a été enregistrée.
Des drapeaux russes étaient visibles dans les stades.

Depuis le déclenchement du conflit, la Serbie a toujours conservé un équilibre entre le Kremlin et l’Occident. Bien qu’elle ait exprimé son désir d’adhésion à l’Union Européenne il y a douze ans, elle a soutenu la résolution de l’ONU dénonçant l' »attaque » sur l’Ukraine. Elle souligne également son adhésion à l’égard du « respect de la loi internationale et de l’intégrité territoriale de tous les États membres de l’ONU ». Néanmoins, Belgrade persiste à ne pas adhérer aux sanctions contre Moscou et s’engage à poursuivre les contrats avec eux. Ce qui la met actuellement dans une situation d’isolement en Europe. Il reste 60.21% de cet article à lire, disponible uniquement pour les abonnés.