À moins de deux mois du début des Jeux olympiques de Paris 2024 (du 26 juillet au 11 août), le nombre d’athlètes russes et biélorusses autorisés à participer à l’événement olympique augmente progressivement. Samedi 15 juin, le Comité International Olympique (CIO) a dévoilé une liste initiale de quatorze sportifs russes et onze biélorusses qui participeront – sous un drapeau neutre – à JO 2024, dans quatre disciplines : le cyclisme sur route (4), la gymnastique/trampoline (3), l’haltérophilie (2) et surtout la lutte (16). Les athlètes en question devaient passer par les qualifications olympiques, mais aussi un double contrôle, par les fédérations internationales et le CIO.
Les athlètes russes et biélorusses ont été expulsés du sport mondial après le déclenchement de la guerre en Ukraine à la fin de février 2022, avant d’être réintégrés le 8 décembre 2023 par le CIO, à condition de respecter certaines conditions. Seuls les athlètes individuels (pas d’équipes) peuvent participer sous une bannière neutre (sans drapeau, sans hymne, sans couleurs du pays), à condition qu’ils n’aient pas activement soutenu la guerre en Ukraine ou qu’ils ne soient pas associés à l’armée ou à des agences de sécurité nationales. Les 25 noms des « athlètes individuels neutres » (AIN) dévoilés samedi par l’organisme basé à Lausanne répondent donc à ces critères.
La Fédération internationale de natation, World Aquatics, a accordé le statut neutre à la nageuse russe Yuliya Efimova et à quelques nageurs biélorusses, vendredi dernier. La sextuple championne du monde et médaillée olympique triplement à Londres 2012 (200 m, bronze) et Rio 2016 (100 et 200 m, argent), Efimova, a reçu avec joie cette attribution mais s’est inquiétée du peu de temps qu’elle avait pour assurer sa qualification. Elle a déclaré à Match TV.Ru, une chaîne russe, qu’elle manquait de temps pour les qualifications internationales et noté, en outre, l’absence d’un visa pour voyager en Europe.
Quand il s’agit de combien de Russes et de Biélorusses participeraient aux Jeux Olympiques 2024 portant le maillot marqué « AIN », sur fond de vert pomme – une décision du CIO, tout comme un bref morceau de musique sans paroles qui servira d’hymne olympique en cas de victoire – l’instance en mars miserait sur 36 Russes et 22 Biélorusses pour les Jeux de Paris « selon le scénario le plus probable », et 55 et 28 respectivement « au maximum ». Pour référence, lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2021, il y avait 330 Russes et la Biélorussie avait qualifié 104 athlètes.
L’Ukraine s’efforce d’empêcher la participation de tout sportif russe aux Jeux Olympiques de Paris, critiquant la neutralité imposée par le Comité International Olympique (CIO). Selon Matvi Bidny, le ministre ukrainien des Sports, ces athlètes sont et resteront « exploités par la grande machine de propagande » du Kremlin. Toutefois, depuis des mois, l’organisme international a travaillé à planifier le retour, sous des conditions rigoureuses, des athlètes des deux pays interdits depuis l’incursion russe en Ukraine en février 2022 – une action qui enfreint la Charte Olympique.
Thomas Bach, le président du CIO, a soutenu en mars, lors d’une interview accordée au Monde, que « les athlètes ne peuvent être tenus responsables des actions de leur gouvernement. S’ils soutiennent ces actions, ils sont sanctionnés. Mais s’ils ne le font pas, ils ont le droit de jouir des mêmes privilèges que les autres ». Cependant, excluant leurs couleurs officielles, les « AIN » ne participeront pas à la cérémonie d’ouverture sur la Seine ni n’apparaîtront dans le tableau des médailles.
La question d’un potentiel boycott russe et biélorusse demeure cependant, une menace brandie par la Russie ces derniers mois. Vendredi dernier, après que Yuliya Efimova a obtenu le statut de neutralité, Vladimir Salnikov, le président de la Fédération russe de natation, a indiqué à l’agence officielle TASS que la Russie n’entrave pas leur voie. « Nous n’avons pas interdit à nos athlètes de demander ce statut, c’est leur décision personnelle », a-t-il déclaré.