La France s’est vue attribuer une nouvelle médaille d’argent par le Comité International Olympique (CIO). Le jeudi 13 juin, le CIO a révélé qu’il allait ajuster ses archives pour refléter le fait que la médaille d’argent remportée aux Jeux Olympiques de Paris en 1900 désormais serait enregistrée au nom de la France et non de la Grande-Bretagne.
Cette distinction a été remportée par le cycliste Lloyd Hildebrand, qui a terminé deuxième à l’épreuve de 25 kilomètres. Cependant, deux nations, la France et le Royaume-Uni, ont revendiqué la médaille par la suite. « Lloyd Hildebrand a parfois été présenté comme un français, même s’il était un citoyen britannique qui a passé la majorité de sa vie en France et qui s’est marié à une femme française », a noté le Comité National Olympique Britannique sur la page dédiée à Hildebrand sur son site web. Cette page a désormais été retirée.
Les britanniques ne se trompent pas pour autant : Hildebrand était réellement un de leurs compatriotes. Il est né en 1870 à Tottenham, en Angleterre, et avait conservé sa nationalité anglaise au moins deux ans après avoir remporté sa médaille, comme l’indique son acte de mariage, a expliqué Stéphane Gachet, auteur de « JO d’été, tous les médaillés français de 1896 à nos jours » (Talents Éditions, 2023), qui a effectué des recherches sur l’histoire du cycliste.
« Cette médaille devait être réattribuée », a-t-il conclu.
Cependant, un expert de l’histoire du sport amateur a rédigé et expédié une lettre au Comité International Olympique fin mars pour réclamer la restitution de la médaille à la France. En effet, comme le précise le CIO dans son communiqué, « l’usage de l’époque permettait aux athlètes de participer aux Jeux en ne fournissant que le numéro de leur licence délivrée par la fédération nationale à laquelle ils étaient régulièrement affiliés et en payant les frais d’inscription. Les Comités Nationaux Olympiques n’étaient pas inclus dans ce processus, contrairement à maintenant », fait remarquer l’organisation.
Lloyd Hildebrand a vécu presque toute son enfance en France et, selon Stéphane Gachet dans sa lettre, « il a toujours concouru sous l’emblème du Club des sports, une association de sa ville natale, Levallois-Perret ». Cette information semble confirmée par le CIO dans son communiqué du jeudi: « Des recherches récentes ont permis de constater que bien que Lloyd Hildebrand fût un citoyen britannique, il est né et a grandi en France, et il a concouru pour un club français avant et après les Jeux de Paris en 1900 ».
Stéphane Gachet affirme avoir pensé que cette médaille devait être réattribuée, et il se dit « heureux de voir que son action a porté ses fruits ». Il analyse, » Comme démontré par le tableau des médailles, une médaille olympique est une marque de grandeur d’un pays. Plus un pays a de médailles, plus il est vu comme puissant. C’est donc indispensable que cette médaille appartienne à la France, car les règles le justifient ». Avec cette médaille d’argent supplémentaire, la France possède maintenant 115 médailles pour les Jeux Olympiques de 1900, d’après la nouvelle comptabilisation du CIO.
Dépossédé de la médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1904.
Il n’est pas inédit qu’un athlète étranger remporte une médaille au nom de la France. Stéphane Gachet affirme qu’une trentaine de sportifs étrangers ont remporté une médaille olympique pour la France. Il cite notamment le cas de Michel Théato, un Luxembourgeois, qui a remporté le marathon lors des Jeux Olympiques de 1900. Malgré la réclamation du Luxembourg pour reprendre la médaille, le CIO l’a refusé en 2004, car Théato était membre d’un club français et, donc, la médaille d’or est toujours en possession de la France.
Pendant ce temps, la France a été privée d’une médaille d’or lors des Jeux Olympiques de 1904 à Saint Louis, aux États-Unis, dans l’épreuve de marathon. Le champion, présenté comme américain, s’appelait Albert Corey, mais il s’est avéré qu’il était en réalité français et courait pour un club de Chicago. Cela a été mis à jour par Clément Genty, un chercheur associé à l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, et a été confirmé par le Centre d’études olympiques, 116 ans après l’épreuve, comme signalé par France 3 : « M. Corey est le seul concurrent et médaillé français de cette édition en 1904, malgré le malentendu sur sa nationalité et le pays qu’il représentait ».
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