Julian Nagelsmann n’est pas un rêveur déconnecté de la réalité. Il aime garder les pieds sur terre et ses crampons fermement ancrés au sol. Néanmoins, lorsqu’il a été désigné comme entraîneur de l’équipe nationale allemande à la fin du mois de septembre 2023, le natif de Bavière a dévoilé une ambition : transformer le championnat d’Europe des nations de football, dont son équipe donnera le coup d’envoi le vendredi 14 juin contre l’Ecosse à Munich, en une version moderne du « conte de fées estival », une reprise du succès populaire et du parcours victorieux de l’Allemagne lors de la Coupe du Monde de 2006 à domicile.
L’idée paraissait irréaliste pendant longtemps. La Mannschaft, avec son impressionnant palmarès comprenant quatre titres de champions du monde et trois titres européens, a connu une période de déclin. Après être parvenue au sommet en remportant la Coupe du Monde au Brésil en 2014, l’équipe a atteint les demi-finales de l’Euro 2016 en France, mais a ensuite été éliminée dès les phases de groupes lors des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du Monde, ainsi qu’en huitièmes de finale de l’Euro 2021 par l’Angleterre (2-0).
En dépit de son parcours remarquable à la tête d’Hoffenheim et du RB Leipzig, qui lui a valu le surnom de prodige, Julian Nagelsmann, âgé de 36 ans, n’était pas vu par beaucoup comme l’homme capable de sauver cette équipe en difficulté. « Les gens étaient plutôt déçus », rappelle Dietmar Hamann, ancien joueur emblématique de la sélection allemande et actuel consultant pour Sky Sport Germany. « L’humeur générale était : peu importe qui succède à l’ancien entraîneur, l’équipe n’est pas assez forte. »
Depuis 1926, il s’agit des premiers progrès pour le plus jeune entraîneur de l’équipe nationale d’Allemagne, qui ont été difficiles, avec seulement une victoire sur quatre matchs en 2023. Pourtant, la trêve internationale de mars a permis à l’Allemagne de se remettre sur les rails, remportant deux remarquables victoires, d’abord en France (0-2) puis face aux Pays-Bas (2-1).
En raison de ces performances, la fédération allemande (DFB) a décidé d’étendre le contrat de son entraîneur, qui devait initialement se terminer au terme du tournoi continental, jusqu’à la fin de la Coupe du Monde 2026. « Aujourd’hui, tout le monde attend avec impatience l’Euro », déclare Dietmar Hamann, mettant en contraste l’anxiété qui régnait il y a seulement quelques mois.
L’histoire de Julian Nagelsmann est celle d’un ambitieux dont les plans se sont vus contrecarrés. À la mi-2006, alors que son pays est en plein bouillonnement footballistique, Nagelsmann, à peine âgé de 19 ans (né le 23 juillet 1987), envisage une carrière en tant que défenseur central. Cependant, entre les blessures chroniques et une intervention chirurgicale au genou, ce rêve est rapidement démantelé. À 20 ans, on lui diagnostique une possibilité d’arthrose et le jeune homme se retrouve à l’écart du terrain.
L’article complet reste accessible uniquement pour les abonnés, avec encore 65.52% du contenu à lire.