Depuis le match de réchauffement contre le Luxembourg le mercredi 5 juin, les élections ont fait incursion dans le quotidien de l’équipe de France. Face à ces discussions politiques, plusieurs joueurs ont esquivé les questions lors des conférences de presse. La semaine dernière, Eduardo Camavinga admettait ne pas avoir réfléchi aux élections européennes qui étaient imminentes. Dayot Upamecano, le mercredi 12 juin, déclarait préférer se concentrer sur le football alors que le pays se prépare pour des élections législatives anticipées. Kingsley Coman avant souligné leur préférence de rester concentrés sur la compétition à venir sans se mêler de politique.
Cependant, Ousmane Dembélé s’est distingué de ses coéquipiers, avec sa fraîcheur caractéristique, il a semé la discorde en soulignant l’importance de voter. Il faisait ces observations lors d’une discussion sur les élections dont le premier tour aurait lieu le 30 juin, au milieu de l’Euro 2024. Il disait avoir vu dans les informations de 13h qu’un Français sur deux ne votait pas et a appelé à la mobilisation pour le vote.
Il y a une possibilité que l’extrême droite, représentée par le Rassemblement national (RN), prenne le pouvoir. L’ailier du Paris Saint-Germain a admis que l’alerte a été donnée, mais il s’est abstenu de donner des consignes de vote. C’est une ligne que l’équipe française n’a jamais franchie et il est peu probable qu’elle change d’attitude lors de ce tournoi. Sans l’insistance des journalistes, les questions électorales n’auraient probablement pas atteint l’équipe française. Ils ont conclu en appelant à la mobilisation sur certaines actualités.
D’après une enquête rapide au sein de leur entourage, il semblerait que la plupart des joueurs tiennent la politique à l’écart. Un membre proche d’un défenseur a souligné à quel point celui-ci n’est pas concerné par ces priorités, un sentiment amplifié par le fait qu’il est en compétition à l’étranger depuis de nombreuses années. Le conseiller d’un attaquant explique simplement qu’il laisse son joueur profiter de son Euro.
Cependant, la génération de l’actuelle équipe de France a démontré sa volonté de s’engager sur certaines questions d’actualité. Par exemple, Ousmane Dembélé, Ibrahima Konaté, Dayot Upamecano, Jules Koundé et Marcus Thuram ont exprimé leur soutien aux civils affectés par les bombardements à Rafah, à Gaza. Les trois premiers ont également relayé une campagne de sensibilisation dénonçant la violence persistante en République démocratique du Congo.
Il y a un an, suite au décès du jeune Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine), plusieurs joueurs français, dont Kylian Mbappé, avaient condamné les violentes actions de la police. « J’ai mal à ma France. Une situation intolérable », avait alors publié le capitaine des Bleus sur son compte X. Ces prises de position avaient toujours eu lieu hors des périodes d’assemblée de l’équipe de France.
Depuis leur entrée à Clairefontaine (Yvelines) le 29 mai, les joueurs ont adopté une attitude plus discrète pour rester concentrés sur la préparation du tournoi continental. Ils ont tous en tête l’exemple de l’équipe allemande, éliminée dès le premier tour de la Coupe du monde 2022 au Qatar. De nombreux commentateurs avaient jugé que la Mannschaft avait trop mis l’accent sur les questions extra-sportives, négligeant ainsi le terrain de jeu.
« L’opportunité de faire une procuration dimanche »
Les Bleus auront la chance de participer à leur devoir civique en votant par procuration. Un membre du personnel de l’équipe française souligne que chaque fois qu’il y a des élections, un tel processus est systématiquement mis en œuvre à Clairefontaine. « Ce qui est inhabituel, c’est la dissolution de l’Assemblée nationale », note-t-il. Ainsi, la fédération nationale de football a été obligée de chercher une solution similaire en Allemagne, pendant l’Euro.
En effet, les joueurs pourront demander leur procuration le dimanche, juste avant leur premier match contre l’Autriche. Selon nos informations, des membres du consulat français de Düsseldorf viendront récupérer ces procurations lorsque les Bleus passeront par cette ville pour le match.
Mohamed Sanhadji, officier responsable de la sécurité de l’équipe française depuis 2004 et officier de police, est à l’origine de ces mesures et de toutes celles mises en place lorsque des rassemblements des Bleus coïncident avec des élections. Une fois les procurations enregistrées, l’équipe de Didier Deschamps n’aura qu’un seul objectif en tête : bien commencer l’Euro.
Cependant, la question de la situation politique en France et de leur position pourrait resurgir tout au long de la compétition, étant donné que le calendrier de la campagne électorale et celui de leur campagne en Allemagne se chevauchent.