L’athlète suédois spécialiste du saut à la perche, Armand Duplantis, a décroché son troisième titre européen mercredi 12 juin à Rome. L’actuel champion du monde et olympique ne s’est pas simplement satisfait de gagner, c’est quelque chose de routine pour lui. À l’âge de 24 ans, Duplantis a frôlé ses records personnels, s’efforçant d’égaliser son propre record mondial de 6,24 mètres à chaque performance, manquant de justesse son second essai à 6,25 mètres.
Loin de l’éblouissante performance de Duplantis, le Grec Emmanouil Karalis a décroché la médaille d’argent avec un saut de 5,87 mètres et le Turc Ersu Sasma a remporté la médaille de bronze avec une distance de 5,82 mètres. Quant au Français Thibaut Collet, il a dû se contenter de la cinquième place, un résultat similaire à ses performances lors des précédents championnats d’Europe en 2022 et du monde en 2023. Malgré sa persévérance au Stade olympique de Rome, ses efforts pour franchir les barres de 5,50 m, 5,65 m et 5,82 m n’ont pas été suffisants pour lui permettre de monter sur son premier podium. Il a manqué de peu le podium en échouant à la barre suivante, qui lui aurait permis de décrocher la médaille de bronze.
Cependant, pour Duplantis, ces championnats d’Europe ont ressemblé à une ballade dans le parc, comme prévu. Alors que les autres participants ont multiplié les sauts, lui n’en a réalisé que trois en 2 heures 40, réussissant les deux sauts à 5,65 m et 5,82 m, avant de dépasser les 5,97 m et 6,10 m pour dominer la finale et oublier une saison hivernale qu’il n’a pas aimée.
Armand Duplantis, le perchiste suédois, s’est senti agacé après six mois sans battre de record du monde et une victoire en salle moins dominante que prévue. Une observation faite par le français Thibaut Collet, qui est proche de lui sur scène et en coulisses. Selon les rapports, Duplantis avait agi comme un enfant capricieux pendant la transition entre l’hiver et l’été, frustré de ne pas avoir réalisé ce qu’il voulait. Malgré une discussion avec ses parents et entraîneurs, Greg et Helena, Duplantis ne se souciait pas de son titre de champion du monde en salle parce qu’il était déçu de ne pas avoir battu son record personnel.
Comment a-t-il réagi à cela ? Duplantis a redoublé d’efforts pour s’entraîner dur, revenant affamé à la reprise de la saison de la compétition en plein air. Son travail a porté ses fruits puisque lors de sa première compétition à Xiamen, en Chine, le 20 avril, il a établi un record du monde en sautant 6,24 mètres. L’exploit a été qualifié d’incroyable et techniquement artistique par Collet.
On connaît Duplantis sous le surnom de « Mondo » et à chaque fois qu’il saisit une perche, on s’attend à quelque chose d’extraordinaire. À tel point que Thibaut Collet avait déjà prédit le déroulement de cette finale européenne. Il était convaincu que Duplantis battrait encore son propre record étant donné ses performances récentes (trois autres concours à 6 mètres et proche de passer 6,25 m). Selon Collet, la compétition se déroulera à deux niveaux : celle de Duplantis et celle des autres athlètes.
Il est inutile de se méprendre, Thibaut Collet, le protégé de son père Philippe (qui a toujours une avance sur lui avec une performance personnelle de 5,94 m contre 5,92 m), ne manque ni de détermination ni de personnalité solide. Adolescent blond de 24 ans, il est robuste et musclé, avec un tempérament fort. Il n’est pas du genre trop sûre de lui, et seuls les imprudents ou les irréfléchis négligeraient l’évidence « Mondo ».
Quand les journalistes lui demandent si l’étoile montante de l’athlétisme peut être dépassée et de quelle manière, il répond avec une pointe d’humour. « La seule chose que je puisse imaginer est une jambe cassée, ou peut-être une sévère gastro-entérite le matin de la compétition », plaisante-t-il. « Il est plus performant que Bubka à son époque, beaucoup plus. Il est en voie de devenir l’un des plus grands athlètes de tous les temps. »
À première vue, le champion olympique de 24 ans semble être d’apparence commune, avec une démarche nonchalante. Mais sur la piste, il court le 100 mètres en 10 s 55, avec une perche à la main pesant souvent près de 10 kg, et est régulièrement chronométré à une vitesse de 37 km/h sur la piste. « Même s’il descend à 35 km/h demain, il sera toujours en tête. Quand il échoue, il atteint 5,90 m, le niveau des meilleurs athlètes après lui, » s’exclame Thibaut Collet.
Thibaut Collet a pour objectif de monter sur le podium aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.
Les contemporains de Duplantis dans le saut à la perche sont capables d’apprécier ce scénario qui pourrait sembler sombre pour les plus pessimistes. « Si je termine demain sur le podium à Paris en seconde position derrière lui, cela serait encore plus impressionnant que Kevin [Mayer] finissant derrière Ashton Eaton aux JO 2016 [ancien détenteur du record mondial du décathlon]. Être derrière l’athlète le plus puissant de l’histoire, c’est incroyablement excitant », déclare-t-il.
Cependant, Thibault Collet refuse d’être cantonné au rôle de simple admirateur. À Rome, il a parfaitement démontré qu’il est en course pour Paris 2024, son véritable but pour cette saison. Chaque année, il améliore ses performances : en février, il a augmenté son record personnel à 5,92 mètres. Une légère inflammation du tendon du genou gauche ressentie mi-avril n’est plus qu’un lointain souvenir. Quelques jours avant Rome, il embrassait son nouveau rôle de concurrent pour le podium : « Je ne peux pas éviter de prononcer le mot que vous allez aimer, médaille. »
Au Stade de France, le sauteur à la perche français ne prévoit pas de se comporter en victime sacrificielle. Il prévient ses adversaires. « Derrière « Mondo », nous luttons pour les deux places restantes sur le podium », prévient-il. « Je tiens à dire aux autres : vous venez sur notre territoire, ne pensez pas une seconde que nous allons vous laisser gagner. » Armand Duplantis, quant à lui, n’a pas les mêmes soucis. Une fois la victoire assurée, il cherche constamment à repousser les frontières de son sport.