Six années après le dernier triomphe européen de Mahiedine Mekhissi, l’athlétisme français réapparait sur la scène du 3 000 mètres steeple de manière spectaculaire. Lundi 10 juin, dans l’arène du Stade Olympique de Rome, l’équipe française a réalisé une remarquable performance avec un doublé : Alexis Miellet (8 min 14 s 01) et Djilali Bedrani (8 min 14 s 36) ont terminé en tête, surpassant l’Allemand Karl Bebendorf.
En compagnie de leur coéquipier, Nicolas-Marie Daru (6e), les athlètes français ont mené une course stratégique, alternant leurs positions de tête et faisant pression sur le meilleur athlète européen de l’année, l’Espagnol Daniel Arce. « J’ai toujours rêvé de faire ça sur 1 500 mètres…C’est fantastique, c’est inouï. J’aurai du mal à en prendre pleinement conscience même sur le podium », a réagi le nouvel champion d’Europe, qui participait pour la première fois à cette compétition.
« C’est un retour à nos racines », s’est félicité Djilali Bedrani. « Le 3 000 mètres steeple est un domaine traditionnellement dominé par la France ». Nicolas-Marie Daru partage cette émotion, malgré son absence sur le podium : « C’est une grande satisfaction pour l’équipe. C’est notre discipline phare. Nous nous appuyons sur l’expérience de nos prédécesseurs comme Mahiedine [Mekhissi], Yoann [Kowal] ou Bob [Tahri]. »
Effectivement, le groupe continue une coutume tricolore inaugurée par des prédécesseurs de raffinement comme Raphaël Pujazon en 1946 et Jean-Paul Villain en 1971. Au cours de la décennie 2010, Mahiedine Mekhissi avait dominé l’Europe avec arrogance, en remportant quatre titres. Il s’était principalement distingué en déstabilisant les monarques kényans du sport, en leur soutirant deux médailles d’argent et un bronze olympique. N’omettons pas son loyal adjoint, Yoann Kowal, qui avait tiré bénéfice de sa disqualification en 2014 – due à une demi-strip-tease légendaire avant d’atteindre la ligne d’arrivée – pour s’intégrer à la longue liste des champions français du 3 000m steeple.
Une phase de décroissance suivit, jusqu’à ce qu’Alexis Miellet vienne étoffer le palmarès tricolore. L’entreprise est d’autant plus significative que la renaissance est totale: aujourd’hui, quatre coureurs aspirent à une qualification aux Jeux olympiques de Paris. Absent à Rome, Louis Gilavert a également atteint les minima (8 min 15 s requis) ; Nicolas-Marie Daru n’est pas loin avec 8 min 16 s 36. S’il se joint à ses collègues, le groupe devra se départager lors des championnats de France fin juin, où les trois premiers valideront leur billet.
Trois steepleurs, tous dans l’armée.
Alexis Miellet, ainsi que deux autres athlètes « romains », partagent une similitude notoire: ils sont tous membres de l’armée, malgré leurs rôles différents. En 2021, Miellet a bénéficié de l’appui du programme « l’armée des champions », qui est associé au « Bataillon de Joinville » et au Centre d’Entraînement au Combat, le premier bataillon de chasseurs à pied. Cette unité exceptionnelle dirige des exercices difficiles pour former divers régiments de l’armée de terre. Courir en groupe à une vitesse effrénée, sauter des obstacles et marcher dans une fosse d’eau est un entraînement parfait.
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