Dans un contexte de dispute continuée avec le Comité international olympique (CIO), l’Association internationale de boxe (AIB) fait preuve d’une audace impressionnante. L’IBA, largement soutenue par Gazprom, le colossal russe de l’énergie, et dont l’intégrité est contestée par le CIO, a révélé fin mai qu’elle envisage de donner des primes aux médaillés des Jeux olympiques de Paris 2024. On s’attend à ce qu’elle offre 100 000 dollars pour chaque médaille d’or, 50 000 dollars pour l’argent et 25 000 dollars pour le bronze, avec la moitié de la prime allant au boxeur, un quart à son entraîneur et le dernier quart à sa fédération nationale.
Selon Umar Kremlev, le président de l’IBA et un allié proche du président russe Vladimir Poutine, « De plus, les athlètes éliminés en quart de finale et qui se classent cinquièmes recevront chacun 10 000 dollars, portant la somme totale à 3,1 millions de dollars, qui seront distribués à plus de 100 boxeurs ». Kremlev a fait cette déclaration dans un communiqué publié le 29 mai.
Si l’IBA respecte son engagement, elle se révélera plus généreuse que la World Athletics, l’association comparable en athlétisme, qui est devenue en avril la première fédération internationale à vouloir offrir une prime de 50 000 dollars aux 48 médaillés d’or des épreuves d’athlétisme des JO 2024, créant ainsi un précédent.
« Chris Roberts, Directeur général de l’IBA, soutient fermement que son association représente un modèle pour la manière dont les fédérations internationales devraient respecter leur champion. Il met en avant leur engagement fort et leur actions positives dans un environnement sportif international, où ce type de soutien est de moins en moins courant. De son côté, le CIO est plutôt mal à l’aise face à ce genre de discussion sur les primes pour les athlètes. Dans un entretien avec l’Agence France-Presse, le président du CIO, Thomas Bach, a expliqué que cette situation pourrait aller à l’encontre du principe de solidarité généralement privilégié par les fédérations internationales, qui sont censées traiter toutes leurs fédérations membres et leurs sportifs de manière équitable.
La source de l’argent n’est pas clairement définie, souligne l’analyse. C’est un problème qui a tendu les relations déjà compliquées entre le CIO et l’IBA, notamment en raison de scandales de corruption et de difficultés financières qui ont secoué l’IBA en 2019 pendant le mandat de Gafur Rakhimov, un homme considéré par les Etats-Unis comme l’un des principaux acteurs du crime organisé ouzbek. En conséquence, le CIO a suspendu l’IBA cette année-là. Et en juin 2023, l’IBA a été exclue du mouvement olympique après un vote de la commission exécutive du CIO, qui a estimé que les problèmes qui les préoccupaient n’avaient pas été réglés.
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