Dans le laps de sa carrière qui s’étale sur une dizaine d’années, Jasmine Paolini était connue pour sa patience et sa lenteur qui étaient aussi perçues comme des limites. Elle favorisait une progression douce, sans précipiter les choses. Il a fallu à l’italienne cinq années pour s’élever au Top 100 mondial, puis cinq autres pour atteindre pour la première fois la deuxième semaine d’un Grand Chelem à l’Open d’Australie en janvier.
Or, à l’âge de 28 ans, elle se trouve à repousser ses limites. Le jeudi 6 juin, lors de la demi-finale, Paolini, 15e joueuse mondiale qui n’avait aucune expérience à ce niveau, a remporté son match en 1 heure et 13 minutes. Elle est parvenue à battre Mirra Andreeva, la jeune russe de 17 ans et 41 jours, qui était impatiente d’éclore mais semblait être trop stressée face à l’opportunité de se qualifier pour une finale en Grand Chelem.
Dans la salle de presse, accueillie par les applaudissements de quelques journalistes italiens enthousiastes, elle apparaît avec un sourire éclatant, légèrement stupéfaite. « Cela semble improbable… » dit-elle en riant puis elle ajoute: » Mais c’est la réalité! » En se présentant aux médias pour la première fois à Roland-Garros, elle a été brève : » Je crois que je suis quelqu’un de vraiment simple. J’aime sourire, m’amuser. Rien de spécial. Juste une personne ordinaire. Oui, c’est moi. Rien de spécial. » Cela montre qu’elle reste humble, malgré qu’elle est l’une des joueuses les moins attendues à se hisser à ce niveau, y compris par elle-même.
« J’ai commencé à rêver un peu plus tard que les autres »
Jasmine Paolini, après avoir réalisé l’exploit de remporter le quart de finale le mercredi 5 juin, a partagé la même histoire avec la presse, une histoire où elle a réussi à éliminer la 4ème meilleure joueuse du monde, Elena Rybakina du Kazakhstan, après trois sets et plus de deux heures de jeu. Naissant à Castelnuovo di Garfagnana, en Toscane, et d’une mère ayant des racines ghanéennes et polonaises et d’un père italien, elle a débuté le tennis à l’âge de cinq ans, uniquement pour le plaisir sans une ambition débordante.
Elle confesse n’avoir jamais rêvé de devenir la première mondiale ou de remporter un Grand Chelem. Elle admettait bien sûr le fait de regarder les finales de ces compétitions et avait vu d’autres Italiens l’emporter. Mais elle trouvait difficile de s’imaginer un jour à leur place. Après sa victoire jeudi, devant des tribunes presque vides tout au long du match sur le court Philippe-Chatrier, elle a utilisé une belle expression : « J’ai commencé à rêver un peu plus tard que les autres joueuses. » Il faut tout de même mentionner qu’il reste encore 56.83% de cet article à lire, l’accès est restreint aux abonnés.