Environ 600 fans messins, facilement identifiables par leur couleur jaune, s’étaient rendus au MVM Dome de Budapest, le plus grand stade consacré au handball en Europe, offrant 20 000 places, pour soutenir les Dragonnes en demi-finales de la Ligue des champions. Cependant, ils ont eu du mal à identifier leur équipe, qui semblait paralysée par l’importance de l’occasion et qui n’a jamais vraiment été en phase avec ce match.
Comme en 2019 et en 2022, les Dragonnes de Metz ont été stoppées juste avant la finale de cette prestigieuse compétition européenne. C’est le club allemand de Bietigheim, qui participe pour la première fois à ce niveau de compétition, qui se retrouvera face aux Hongroises de Györ pour le titre dimanche.
Le samedi, le club de Lorraine, qui avait remporté son 26e titre de champion de France une semaine plus tôt, a été durement battu par l’équipe allemande qui a terminé avec un écart de sept buts (29-36). Aucun club français n’a encore remporté la Ligue des champions. Seul Brest, qui avait été vaincu par les Hongroises de Ferencvaros en 2021, a réussi à atteindre la finale.
Metz était pourtant le favori dans ce match, face à une équipe allemande qui atteignait ce niveau de compétition pour la première fois. Depuis le Walle Brême en 1995, aucune autre équipe allemande n’avait atteint les demi-finales de la Ligue des champions féminine.
Cependant, les Allemandes ont réussi à contrer le style de jeu rapide des messines. Les enjeux ont largement dominé le déroulement du match. Les deux équipes, très nerveuses, ont commis de nombreuses erreurs flagrantes. Les Messines en particulier, confondant rapidité et hâte, ont perdu de nombreuses balles. Les Allemandes étaient tenaces.
En dépit de plusieurs opportunités d’augmenter leur score pendant la première mi-temps, Les Dragonnes n’ont pas réussi à le faire en raison de nombreuses pénalités sous forme de cartons jaunes entraînant des suspensions de deux minutes. Malgré les temps morts demandés par Emmanuel Mayonnade, leur entraîneur, elles n’ont jamais trouvé une solution pour contrer les Allemandes tenaces qui étaient constamment en quête de duels individuels.
Au repos, elles étaient légèrement en avance, malgré beaucoup de manque de contrôle pendant la première période (treize ballons perdus), les Lorraines ont vécu une sévère crise de dix minutes en seconde mi-temps : alors qu’elles étaient en avance 20 à 18 (37e), elles se sont retrouvées quatre points derrière (21-25, 47e). Un déficit qu’elles n’ont jamais réussi à combler.
Comme c’est généralement le cas au handball, les gardiennes ont joué un rôle déterminant. Gabriela Moreschi, la grande (1,90 mètre) Brésilienne de Bietigheim a réussi à résister aux attaques de Chloé Valentini et Lucie Granier, les ailières messines. Elle a terminé le match avec un taux de réussite impressionnant de 34 % (16 arrêts). En revanche, les gardiennes messines Hatadou Sako et Camille Depuiset ont dû se contenter d’un taux de réussite de seulement 16 %.
Comme l’a fait remarquer Kristina Jorgensen lors de son interview avec Eurosport après le match, cette différence de performance a été cruciale à ce niveau. « Nous n’avons pas bien défendu, particulièrement en seconde mi-temps. Nous n’avons pas réussi à mettre nos gardiennes dans des conditions favorables pour faire des arrêts, ce qui a fait la différence », a déclaré la demi-centre danoise.
De plus, Györ était également présent à ce match.
L’équipe de handball de Bietigheim se prépare à disputer demain la finale contre Györ, qui a réussi à s’imposer face aux Danoises d’Esbjerg lors de la demi-finale sur un score de 34-33 après un match très disputé. En se mesurant à Györ, les Allemandes ne seront pas considérées comme les favorites étant donné que cette équipe est détenteur du plus grand palmarès de handball féminin en Europe, avec cinq victoires en Ligue des Champions et 17 championnats de Hongrie à leur actif.
Györ est souvent comparé au « Real Madrid » du handball féminin pour de bonnes raisons. Leur effectif compte notamment Estelle Nze Minko, la capitaine de l’équipe nationale française, qui a excellé lors du match du samedi précédent, en étant la meilleure buteuse avec un score parfait de 6/6. La gardienne danoise Sandra Toft, élue handballeuse de l’année en 2021, a également montré une performance remarquable dans les buts avec une efficacité de 39% (13 arrêts).
L’équipe de Györ comprend aussi deux joueuses qui ont précédemment fait partie de l’équipe de Metz : Ana Gros de la Slovénie et Bruna de Paula du Brésil. Le reste de l’effectif est complété par trois Norvégiennes, toutes joueuses internationales : la meneuse de jeu Stine Oftedal, la gardienne Silje Solberg et l’arrière gauche Veronica Kristiansen, qui ont toutes trois fois été championnes d’Europe et deux fois championnes du monde.
Malgré la douloureuse défaite précédente, la saison 2023-2024 de Metz Handball sera toujours comptée parmi les meilleures de son histoire. Si les Dragonnes l’emportent demain, elles égaleront leur performance de 2022, année durant laquelle elles avaient terminé à la troisième place de la Ligue des champions.
Emmanuel Mayonnade a conduit les joueuses à remporter leur 26e championnat de France pour la troisième fois consécutive, une semaine avant le dernier match. Le club Lorrain a également remporté sa 12e Coupe de France en dominant Dijon (29-20) le 18 mai. Cependant, le manque de piquant des Messines lors du match de samedi contre Bietigheim pourrait s’expliquer par l’enchaînement de matchs importants.
Malgré ces victoires, la direction de Metz Handball a du travail en perspective puisqu’il s’agit de reconstruire la moitié de l’équipe après la saison. Effectivement, six joueuses sont sur le départ, Hatadou Sako et Kristina Jorgensen ont signé avec Györ, Louise Burgaard rentrera dans son pays d’origine, et Alina Grijseels, la capitaine de l’équipe allemande, va rejoindre Bucarest.
Il est possible que la recherche d’un nouvel entraîneur soit aussi nécessaire, car Emmanuel Mayonnade est en lice pour devenir le prochain sélectionneur de l’équipe de France, en remplacement d’Olivier Krumbholz, qui partira après les Jeux. Mayonnade, qui est chez le club depuis 2015, risque de quitter la Lorraine avec un septième et dernier titre de Champion de France sous la ceinture, rejoignant ainsi Bertrand François en terme de records (1996-2003, 2004-2006 et 2009-2010). Cependant, il n’a jamais pu réaliser son rêve de remporter la Ligue des champions avec les Jaune et Bleu.