Il faut se méfier des jugements précipités suite au premier tour de Roland-Garros, c’est certain. Néanmoins, après avoir exprimé des doutes sur ses performances et semblé lutter contre une certaine neurasthénie, Novak Djokovic a fait une impressionnante première apparition mardi 28 mai en face de Pierre-Hugues Herbert. Dans le court Philippe-Chatrier, au terme d’un match conclu en trois sets contendus, mais contrôlés (6-4, 7-6, 6-4), l’expression du Serbe était plus déterminée que soulagée.
Le numéro un mondial reste un mystère. Par rapport à ses normes habituelles, le printemps a été plutôt terne: éliminé en demi-finale à Monte-Carlo, au troisième tour à Rome, puis en demi-finale à Genève. Récemment, dans ses conférences de presse, il jonglait entre divers problèmes: sa prétendue contreperformance, son moral qu’il prétendait en baisse, et son manque de victoire depuis le début de l’année. Avant Roland, il témoignait de sa saison : « Je n’ai pas bien joué cette saison. Juste quelques bouts de matchs, par-ci par-là. Mais je l’accepte. Je ne me considère pas comme un favori. » Il ajoutait : « Je ne ressens aucun plaisir, c’est de la souffrance sur le court. » Cependant, ne vous y trompez pas, malgré ses 37 ans récemment atteints, Novak Djokovic n’envisage pas la retraite.
Il n’a fallu qu’un bref échange mardi soir pour réaliser que le joueur de tennis serbe n’avait rien perdu de sa forme ni de son talent avec la balle. Il a réagi rapidement à une belle tentative d’amorti de son adversaire français, se précipitant du fond du terrain au filet pour réaliser une excellente contre-amorti croisée. Avec un coup droit puissant et précis, il gagne le break au prochain coup. La première manche s’est conclue rapidement en un peu plus d’une demi-heure. Une simple formalité. L’importance des tournois du Grand Chelem lui donne l’énergie nécessaire pour se lever chaque matin et s’entraîner, et Roland-Garros semble être l’antidote parfait à sa mélancolie.
Le tirage au sort l’a opposé à Herbert, 142e joueur mondial et détenteur d’une wild card offerte par les organisateurs du tournoi. Bien qu’Herbert soit un adversaire respectable avec cinq grands chelems à son actif, dont deux à Roland-Garros, tous ont été remportés en double. En simple, Herbert n’a jamais réussi à dépasser le troisième tour à Porte d’Auteuil. C’est insuffisant pour rivaliser avec le triple champion du tournoi, victorieux deux fois lors des trois dernières éditions et qui n’a jamais perdu son premier match en autant de 20 participations.