Le programme avait un air de promesses. Il semblait évoquer le chauvinisme, un puissant aimant pour attirer les spectateurs patriotiques. En observant dans les tribunes, c’était évident : des dizaines de drapeaux tricolores, presque le même nombre de perruques en bleu, blanc, rouge, et des maillots bleus en grande quantité. Le lundi 27 mai, sur le court n° 14 de Roland-Garros, cinq compétiteurs français – trois femmes et deux hommes – ont participé dans les quatre matchs de la journée. Le court accueillait presque la moitié des joueurs tricolores prévus pour ce jour porte d’Auteuil (11 au total). En finale, un duel entre Diane Parry et Fiona Ferro, un duel français – ou plutôt franco-franco-belge, puisque Ferro est née en Wallonie –, garantissait que la victoire serait française.
Devant ce programme attractif, les spectateurs commençaient à encourager les joueurs tôt le matin, quinze minutes avant le début du premier match entre Hugo Gaston, 88e mondial, et l’américain Ben Shelton, 15e tête de série. Les premiers cris de soutien se faisaient entendre : « Aux armes! ». Les encouragements étaient bruyants et variaient entre les encouragements internationaux : « Let’s go Hugo, let’s go! » et l’encouragement typique français : « Allez, Hugo, la taille n’a pas d’importance! ».
Différentes formes de soutien, même si des centaines de spectateurs retardataires ont dû regarder le match debout, à cause du manque de sièges disponibles. « Le 14, c’est le court des Français », a résumé Paul Desmarey, venu de Villefranche-sur-Saône (Rhône) avec un ami, drapeau tricolore à la main. « Les joueurs aiment bien cette atmosphère », dit-il.
« Frissons ».
En dépit du temps froid, les gradins ont conservé leur vitalité ardente. La chaleur s’installa d’abord avec la victoire du premier set par le « jeune » (1,73 m) français Hugo Gaston. Cette presque parfaite entrée en matière pour Gaston, qui alterne depuis quatre ans entre exploits et départs précoces à Roland-Garros, était très prometteuse. Toutefois, l’année 2024 marque la fin de cette alternance, surnommée « la roulette ». Bien que Gaston, l’un des favoris du tournoi, n’ait pas été au top récemment, il a été sous la pression de son adversaire et a finalement perdu après 2,5 heures de jeu (3-6, 6-3, 6-4, 6-4). Les coups amortis du Toulousain ont montré leurs faiblesses et ses passings gagnants se sont faits de plus en plus rares.
Cependant, cela n’a pas empêché les fans de commencer à chanter la Marseillaise. « L’esprit chaudron », intact jusqu’à la fin du match malgré deux longues pauses causées par de fortes pluies, a persisté. Jusqu’aux dernières balles de match, sauvées en vain, le public a soutenu Gaston avec ferveur. Touché par l’atmosphère « folle », le Français a exprimé des remords : « Sur ce court, l’écho est très fort. Il y avait une vraie émotion. J’aurais aimé pouvoir leur rendre, malheureusement, ce ne sera pas le cas. »
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