C’était une cérémonie d’adieu atypique, plus un « au revoir » qu’un véritable adieu. Le lundi 27 mai, Rafael Nadal a créé un certain suspense lors de son départ du court Philippe-Chatrier, laissant entendre qu’il pourrait ne pas revenir. S’adressant aux 15 000 fans présents à Roland Garros, qui scandaient collectivement « Ra-fa », Nadal a déclaré: « Je ne sais pas si c’est la dernière fois que je me tiens ici devant vous. Il y a une forte possibilité que je ne revienne pas pour ce tournoi, mais je ne peux pas le confirmer avec certitude. »
Pour la première fois dans sa carrière, Nadal a été défait dès son premier match sur « sa » terre battue parisienne, vaincu par l’Allemand, quatrième mondial, Alexander Zverev (3-6, 6-7, 3-6). Il avait exprimé son souhait de ne recevoir ni fleurs ni couronne si ce match devait être son dernier. Ainsi, Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, a dû ranger ses préparatifs de cérémonie et laisser de côté le traditionnel trophée « d’honneur », une composition de brique écrasée, cendres et autres gros cailloux cassés.
Le ‘roi de la terre battue’ n’a offert qu’un discours, prononcé sous un Central couvert, reflétant l’humeur grise du ciel parisien qui laissait couler quelques larmes : « En tant qu’enfant, je n’aurais jamais imaginé me retrouver ici à 37 ans [il fêtera ses 38 ans le 3 juin], avec tous les succès que j’ai remportés. Les souvenirs que j’ai de mes sensations sur ce court durant toute ma carrière sont inoubliables, merci du fond du cœur. C’est difficile de trouver les mots, mais ressentir l’amour du public, surtout cette année dans ce tournoi que j’aime plus que tout, a une grande signification pour moi. »
Dès son apparition sur le terrain, l’ancienne étoile mondiale a été ovationnée par une foule électrisée lors des introductions. Marc Maury, fidèle à son habitude, a annoncé en détail les quatorze victoires qui ont souligné la domination du « tyran » de Majorque. De 2005 à 2022, ces quatorze couronnements ont fait pâlir le souvenir du Suédois Björn Borg, dont les six titres semblaient jadis inatteignables.
Dans un signe d’importance solennelle, une portion du vestiaire s’était relocalisée dans les gradins, Novak Djokovic et Iga Swiatek, les chefs du circuit, et Carlos Alcaraz, le numéro 3 espagnol, en tête. Même les boxes étaient bondés, un phénomène inédit pour un simple match du premier tour du Grand Chelem parisien entre le 4ème meilleur joueur du monde et le 276ème. Les sièges dans la tribune présidentielle étaient tout aussi convoités pour admirer l’ultime performance du plus grand champion du tournoi, tombé dans l’oubli.
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