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Tadej Pogacar, détenteur du maillot rose, se trouve en territoire critique lors du Giro

Découvrir sur quelle montagne le soleil se fixe. Évitez d’y aller de près, sinon, les ailes de cire se fondront, conduisant à une chute. Est-ce aux rayons de Monte Pana, dans la chaîne des Dolomites, que Tadej Pogacar s’est brûlé lors de la 16e étape du Tour d’Italie? Se rappellera-t-on de ce mardi 21 mai 2024 comme une autre mise en scène du mythe d’Icare, si courant dans le cyclisme, marquant à la fois le sommet et le commencement du déclin?

L’athlète slovène de l’équipe UAE-Emirates est destiné à gagner la 107e version du Giro ce dimanche 26 mai, à la fin d’une étape dessinée à Rome, avec une avance de 9m 56s sur Daniel Martinez (Bora-Hansgrohe) et de 10m 24s sur le britannique Geraint Thomas (Ineos-Grenadier). C’est la plus grande marge depuis 1965. Cependant, le champion a fait preuve d’imprudence et a révélé une arrogance qu’on ne lui connaissait pas et qui coûte souvent très cher.

Le mardi 21 mai, sa première erreur est faite à 600 mètres de l’arrivée à Monte Pana, lorsque Pogacar, confortablement vêtu du maillot rose de leader au classement générale, accélère et prive un rival inoffensif de la victoire de l’étape, le jeune Italien Giulio Pellizzari. Le coureur insatiable fera valoir qu’il ne pouvait pas freiner car d’autres concurrents étaient juste derrière lui. Néanmoins, il refuse une victoire à un « petit » coureur, à l’encontre de la courtoisie habituelle des plus grands.

Dans cette étape iconique, Pogacar célèbre en levant sa main, chaque doigt représentant une de ses cinq victoires d’étape. Il est comme un chasseur qui marque chaque cerf abattu. Sa dernière impertinence est capturée par les caméras au pied du podium lorsque Pogacar donne à Pellizzari son maillot et ses lunettes, une forme d’indemnité mais insignifiante. La domination se transforme en humiliation.

C’est une des caractéristiques paradoxales de ce sport et le fondement de son intelligence sociale : il est important de gagner mais pas de manière excessive, de dominer en partageant, de faire des offrandes de manière discrète, de transformer ses rivaux en camarades et de construire une présence durable. Déjà à l’époque néolithique des années 1990, que ce soit dans le Tour de France ou le Tour d’Italie, Miguel Indurain savait comment conjuguer triomphes et amitiés, contrairement à Lance Armstrong qui a mis Marco Pantani en colère en 2000 en lui offrant, mais de façon trop ostentatoire, la victoire au Mont Ventoux.

Le même Pantani, extrêmement démonstratif, avait irrité ses adversaires un an plus tôt lors du Giro, et a été puni à la manière d’Icare. Le 5 juin 1999, il a été disqualifié pour un taux de globules rouges trop élevé, une preuve implicite d’un dopage à l’EPO.

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