Marine Lefeuvre, la vice-championne du monde de roller vitesse, navigue habilement à travers les rues de Paris, drapée dans une veste de policier. Elle est d’habitude sur des pistes de résine, où elle peut atteindre des vitesses de 50 km/h dans son uniforme de roller bleu, blanc et rouge sur mesure. L’équipement informel de Marine contraste avec celui des trois officiers qui la suivent. Sébastien Galtier, le chef brigadier, qui se deplace également en patin à roulettes, la taquine en lui disant qu’il n’y aura pas de record de vitesse pour aujourd’hui.
Au début du mois de mai, la jeune femme de 27 ans a rejoint la brigade territoriale de contact (BTC) du Louvre-Paris centre, la seule en Europe à patiner. Elle exprime son désir de se joindre à la brigade roller cet été car sa discipline ne sera pas présente aux Jeux Olympiques de 2024. Pour Marine, les JO restent l’événement sportif le plus prestigieux et elle a hâte d’y participer d’une manière ou d’une autre.
Elle est bénéficiaire depuis 2023 du programme d’accompagnement pour les athlètes de haut niveau de la police nationale et elle a expliqué qu’en tant que réserviste ayant une bonne maîtrise du roller, elle doit saisir cette opportunité. Pourtant, elle doit attendre l’approbation de ses supérieurs pour participer.
En ce qui concerne son rôle, elle est chargée de sécuriser les zones touristiques.
Cet été, la BTC sera engagée dans la sécurisation des Jeux olympiques dans des lieux tels que le Louvre, les Tuileries et l’Hôtel de ville, selon Marc Cherrey, le commissaire central du 1er arrondissement de Paris. L’heure est donc venue pour la championne d’Europe de s’adapter. Provient d’une lignée d’enthousiastes, elle s’exerce depuis ses trois ans dans une discipline qui oscille entre le patinage rapide et le cyclisme sur piste, bien loin de la sécurisation des sites touristiques et des opérations de police.
« En termes de police, le roller offre deux avantages : il nous permet de nous déplacer rapidement dans des zones densément peuplées. De plus, cela nous rend plus visibles et abordables », souligne le brigadier-chef Galtier, qui donne quelques conseils à la nouvelle recrue.
Lorsqu’elle fait son entrée sur le marché des Enfants-Rouges dans le 3e arrondissement, un groupe de touristes britanniques l’interpelle pour demander des informations. Par la suite, des visiteurs japonais la sollicitent pour une photo devant le Louvre.
« Tu dois être réceptive aux demandes de photos, aussi », déclare un policier à Marine Lefeuvre qui répond par un sourire. En dehors de la Colombie, où les champions de roller sont considérés comme des rock stars, le sport reste relativement inconnu. Les conditions d’entraînement sont précaires, un des deux pôles France a fermé, et les sponsors se font rares. En outre, son sport ne bénéficiera pas du célèbre « effet JO ».
« Mademoiselle a déjà acquis la compétence technique et l’endurance nécessaires pour patrouiller avec nous, ce qui est essentiel car descendre des marches en rollers et patiner pendant huit heures par jour est un travail physique », observe Monsieur Galtier. Cependant, il y a des doutes quant à ses interventions sur des situations plus complexes où le risque de blessure n’est pas négligeable. Particulièrement parce qu’elle est censée participer aux Jeux européens en septembre. « Mais j’anticipe que toutes les conditions nécessaires seront établies pour que je puisse intégrer la brigade cet été », déclare la championne, aspirant à participer aux Jeux sous une autre version du maillot bleu.