En plein coeur des rues animées de Saint-Emilion (Gironde), on peut observer le maire indépendant, Bernard Lauret, en train de partager un instant avec un couple de touristes venus du Canada. Malgré l’heure matinale du jeudi 23 mai, à peine 9 heures, la journée bien remplie de ce dernier touchait déjà à son milieu : il a été contraint de se lever aux aurores pour accueillir la flamme olympique, saluer les citoyens et exprimer sa gratitude aux forces de police…
Dès l’aube, à 8 heures précises, les rues de la cité connue pour ses vignobles inscrits à l’UNESCO se remplissaient de touristes, résidents des municipalités environnantes, promeneurs et passionnés, venus assister au lancement du relais. Au pied de la mairie, Jeff Berrouet, un viticulteur de 42 ans, s’installe avec sa famille. Installé à Montagne, à seulement 3 kilomètres de là, il tenait à partager ce moment avec ses enfacts de 6 et 9 ans, en écho à ses propres souvenirs olympiques vécus à dix ans.
« J’ai eu la chance de voir la flamme des JO d’Albertville en 1992, à Libourne. On m’a même offert une petite flamme en plastique en guise de souvenir », déclare le viticulteur, nostalgique. « J’ai conservé le souvenir de cet instant, et je me dis que mes enfants pourront maintenant avoir ce privilège ». Malgré les complications anticipées pour le reste de la journée, en rapport avec ses livraisons prévues, il s’est montré flexible avec ses employés, leur permettant de choisir de travailler sur le domaine ou de prendre un jour de congé. « Ça n’arrive qu’une fois par génération », justifie Jeff Berrouet, en faisant référence aux Jeux de 1992.
À l’entrée de Saint-Emilion, un observateur particulier est à l’affût de l’arrivée de la flamme. Jean-Luc Dupont, le maire non partisan de Chinon, a parcouru la distance pour être témoin d’un événement qu’il aurait aimé accueillir dans sa propre municipalité. Il explique que, malheureusement, ils n’en avaient pas les moyens ; le département d’Indre-et-Loire ayant refusé de payer les 180 000 euros demandés par le Comité d’Organisation de Paris 2024 pour accueillir le relais.
Au lieu de cela, le Conseil départemental lui a proposé d’inclure la totalité de la région dans des activités sportives sur trois ans afin de promouvoir les sports olympiques. Jean-Luc Dupont est heureux d’avoir inclus sa municipalité dans cette initiative. Il admet qu’elle est « moins médiatisée », mais souligne son impact significatif, insistant sur le fait que les fonds sont utilisés pour soutenir directement les clubs.
Lors du passage du relais dans la ville viticole locale, la foule est nombreuse. Manuela Cabot, 56 ans, est émerveillée par ce qu’elle qualifie de « moment exceptionnel ». Et bien que Saint-Emilion, qui accueille plus d’un million de touristes chaque année, soit déjà bien réputée, elle estime que c’est une nouvelle opportunité de visibilité pour la ville. Elle est particulièrement ravie que les enfants locaux puissent participer : « Ils se souviendront de cela toute leur vie. J’aurais aimé vivre cela quand j’étais enfant. »
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