L’agréable chaleur printanière baigne les adolescents en mouvement au stade de la Briqueterie à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Cette installation sportive, un lieu d’accueil pour les collégiens et les lycéens du quartier, est prévue pour être démolie et ensuite reconstruite en mai 2025. Le complexe, construit dans les années 1970, est devenu désuet avec le temps ; les murs de la salle de gymnastique et de lutte sont en ruines, le plafond s’écroule. Les poubelles placées près des fenêtres ne sont pas destinées aux déchets, mais à recueillir l’eau de pluie, comme l’explique Serge Reitchess, un enseignant d’éducation physique et sportive à la retraite.
Il fait le tour des lieux et évoque l’état de l’installation, qui, dit-il, est représentatif des autres infrastructures sportives dans le département. Il note que le stade n’a guère changé depuis son époque de sportif. Un rapport de 2019 par la direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement d’Ile-de-France mettait en évidence que plus de la moitié des installations sportives locales ont été mises en service ou rénovées avant 1994.
Pour la Seine-Saint-Denis, le département le plus jeune et le plus pauvre de la France métropolitaine, le problème n’est pas seulement le mauvais état des installations, mais aussi leur insuffisance. En 2018, la moyenne nationale était de presque 50 installations sportives pour 10 000 résidents, mais ce nombre tombait à 15 en Seine-Saint-Denis, le taux le plus bas en France métropolitaine (hors Paris). Cela entraîne un manque de créneaux de pratique et une impossibilité pour tout le monde d’avoir accès à une variété de sports, dressant un tableau plutôt sombre.
Le système éducatif, observé par les autorités comme un vecteur d’entrée dans l’activité sportive, est directement exposé à ces problèmes. « La mauvaise condition des équipements sportifs dans le département incite peu les jeunes à s’investir dans le sport à l’école », mentionne Serge Reitchess clairement déçu. Cela se produit alors même que le département prépare l’accueil de la compétition sportive la plus importante au niveau mondial », y compris les Jeux olympiques et paralympiques (JOP).
Des athlètes de neuf disciplines olympiques et quatre disciplines paralympiques se battront en Seine-Saint-Denis, du 26 juillet au 8 septembre. Dans ce cadre, le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, ayant déclaré le sport « grande cause 2024 », a assuré que l’héritage des Jeux bénéficierait à la population locale.
Le ministère met en évidence que le département francilien reçoit 80% des financements publics, soit trois milliards d’euros, comprenant notamment la construction du centre aquatique olympique à Saint-Denis, ainsi que la rénovation d’équipements sportifs tels que le gymnase Pablo-Neruda à Saint-Ouen et la Grande Nef de l’île des Vannes à L’Ile-Saint-Denis. Le ministère est aussi heureux de l’établissement ou de la modernisation de sept piscines dans différentes municipalités en préparation des Jeux.
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