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13 mai 2024 9 h 11 min

« Ysaora Thibus: Combat pour Paris 2024 »

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Le 13 mai, Ysaora Thibus s’apprête à affronter le défi le plus critique de sa carrière. À 32 ans, l’escrimeuse française est censée justifier devant la cour disciplinaire de la Fédération Internationale d’Escrime (FIE) la présence d’ostarine, un stéroïde anabolisant, dans son organisme lors d’un contrôle antidopage effectué mi-janvier.

Ysaora Thibus, championne du monde 2022 d’escrime individuelle, est considérée comme l’une des meilleures options pour remporter une médaille d’or pour la France lors des Jeux Olympiques de Paris. Devant ses collègues, elle joue l’une de ses dernières chances pour avoir l’espoir de participer à la compétition sous le dôme du Grand Palais le 28 juillet.

Quelles sont les allégations à l’encontre de Ysaora Thibus ?

Depuis le 8 février, la sportive est provisoirement suspendue suite à un test antidopage positif à l’ostarine lors du challenge Mazars à Paris, le 14 janvier. Cette substance anabolisante, qui offre une augmentation de la masse musculaire, a été découverte dans le sport international au début des années 2010 et est interdite depuis 2015 par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). L’ostarine se consomme oralement (tablette, capsule, liquide).

Bien que l’ostarine ait été trouvé en petites quantités dans le corps d’Ysaora Thibus, la loi est stricte : toute présence, même minime, constitue une violation de la loi antidopage, même si l’athlète a fait preuve de négligence ou prétend n’avoir pas consommé le produit de dopage volontairement ; ces deux derniers scenarios peuvent néanmoins réduire la sanction potentielle.

Selon le principe fondamental de la lutte contre le dopage, l’athlète a la responsabilité de toutes les substances détectées dans son organisme. Par conséquent, c’est à lui de démontrer son innocence. C’est un défi majeur, vu que l’athlète est présumé coupable.

Quelle est la stratégie de défense de l’escrimeuse?

L’escrimeuse a fermement rejeté toute implication dans l’usage de drogues améliorant la performance dans une déclaration publiée le 20 février. Elle soutient qu’elle a été contaminée par « l’échange de fluides corporels » avec son partenaire, Race Imboden, un ancien foiliste américain. Après la révélation de son test positif, la vice-championne olympique par équipe 2021 a abandonné l’analyse de l’échantillon B afin de « présenter sa défense dans le contexte d’une procédure accélérée », son seul espoir de participer aux Jeux de Paris.

Ysaora Thibus doit convaincre le tribunal disciplinaire de la FIE que les niveaux d’ostarine découverts dans son organisme sont si bas qu’il est impossible qu’ils soient le résultat d’une utilisation répétée, un indicateur de dopage. Cependant, ces concentrations pourraient être des traces d’une substance améliorant la performance en cours d’élimination. Pour écarter cette éventualité, les tests capillaires – l’équivalent de l’antidopage de la datation au carbone 14 – de l’athlète doivent se révéler négatifs.

De plus, elle doit prouver que son partenaire en a suffisamment dans son système pour montrer qu’il est en effet la source de la contamination.

Elle a fait tous les efforts pour prouver sa démarche. Pour soutenir sa cause, la Française a recruté le tandem des scientifiques éminents, Gérard Dine et Jean-Claude Alvarez. Dirigeant le laboratoire de toxicologie à Garches (Hauts-de-Seine), le professeur Alvarez a déjà aidé Simona Halep, l’ancienne première mondiale de tennis de Roumanie à réduire sa suspension à neuf mois après un test positif au roxadustat.

Selon la famille Thibus, Race Imboden aurait consommé un supplément alimentaire contenant de l’ostarine et aurait ensuite contaminé sa coéquipière. Le 7 mai, le magazine L’Equipe décrivait la façon dont l’escrimeuse et ses proches ont reconstruit la journée du 14 janvier, heure par heure, semblable à une enquête criminelle, pour corroborer la théorie de la contamination accidentelle.

Quelle est la peine potentielle de l’escrimeuse?

La fleurettiste leader de l’équipe nationale féminine risque jusqu’à une suspension de quatre ans, conformément au code mondial antidopage, qui détermine les pénalités selon le type de substances dopantes. L’ostarine est classée comme une substance « non spécifiée » par l’AMA, c’est-à-dire qu’on ne peut pas la consommer par erreur ou par mégarde. Si la consommation est prouvée, la pénalité serait donc plus sévère que celle d’une substance « spécifiée ».

Une suspension de quatre ans – qui pourrait être ramenée à trois si l’athlète admet avoir enfreint les règles antidopage – signifierait probablement une retraite anticipée pour cette native de la Guadeloupe, pour qui les Jeux de Paris seraient le dernier grand projet de sa carrière.

Cependant, si Ysaora Thibus peut démontrer une contamination par une tierce partie – une défense populaire dans le domaine du dopage – elle pourrait envisager une réduction voire une annulation de sa sanction. Ce même argument a permis à la médaillée d’argent olympique en canoë-kayak, Laurence Vincent-Lapointe, et à la joueuse de softball américaine, Madilyn Nickles, de lever leurs suspensions en 2020 suite à des tests positifs pour le ligandrol, un agent anabolisant de la même famille que l’ostarine.
Le concept de contamination indirecte (à travers un baiser) a également permis au joueur de tennis Richard Gasquet d’être disculpé après un test positif à la cocaïne en 2009.
La question se pose alors : aura-t-elle la possibilité de participer aux Jeux Olympiques ?
La première victoire pour la Française est d’avoir réussi à raccourcir le délai de six mois maximum du tribunal disciplinaire de la FIE pour organiser une audience. Cependant, le temps est toujours limité pour l’épéiste française. En effet, la FIE ou l’Agence mondiale antidopage – critiquée récemment pour son indulgence supposée envers les nageurs chinois – pourraient faire appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) dans le cas d’une décision favorable à Ysaora Thibus.
Il n’est donc pas assuré que le TAS ait le temps de gérer son dossier avant le 5 juillet, date à laquelle la Fédération française d’escrime publiera la sélection du fleuret féminin ; soit juste avant la confirmation, le 8 juillet, de la liste complète de la délégation française pour les Jeux.

Les experts en lutte contre le dopage expriment leur doute quant à la justification fournie par Ysaora Thibus. Jean-Pierre Mondenard, un médecin, se demande comment Race Imboden, ayant été un escrimeur internationalement reconnu, ne savait pas qu’il risquait d’infecter sa coéquipière en prenant des suppléments alimentaires contenant de l’ostarine. C’est d’autant plus surprenant que Imboden est également l’un des entraîneurs de la championne. La contamination par contact intime est bien connue depuis plusieurs années, souligne ce spécialiste du dopage, et cette excuse n’est dès lors « plus acceptable ».

Si Ysaora Thibus était déclarée non coupable, quel serait son état physique et mental pour participer aux Jeux? Actuellement, sa suspension temporaire lui interdit de pratiquer dans des installations fédérales, mais elle continue à le faire avec sa propre équipe d’entraînement et ne peut pas participer aux compétitions préliminaires internationales.

Un responsable du sport français, résigné, commente cela en disant : « C’est décevant, c’est une médaille d’or en moins pour nous. »

Pour en savoir plus sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et leur couverture:

– Sécurité : Préparations en vue face aux incertitudes quant à l’efficacité des mesures antidrone pour les jeux. Une analyse détaillée des mesures de sécurité pour la cérémonie d’ouverture. L’urgence médicale se prépare également pour les jeux.
– Risque de cyberattaques durant les Jeux : C’est une réelle préoccupation pour le système de santé de la région Île-de-France. Cyberattaque, escroqueries et désinformation représentent des menaces en ligne pour les Jeux à Paris.
– Le dispositif de sécurité pour la cérémonie d’ouverture est spécifié par Gérald Darmanin, incluant le QR code et les zones de sécurité antiterroristes.
– Transports.

La région Ile-de-France n’exclut pas de soutenir financièrement le transport des accrédités pendant les Jeux Olympiques. Les aéroports de Roissy et d’Orly sont confrontés au défi de ces jeux, incluant les Jeux paralympiques. La question se pose : faut-il s’inquiéter des problèmes potentiels de transport en Île-de-France ? Il pourrait y avoir un contraste entre les attentes initiales et la situation réelle pendant les JO 2024 à Paris. En effet, la gestion des transports pour Paris 2024 est un défi à relever bien avant le coup d’envoi des Jeux.

Deux projets importants pour les Jeux sont surveillés de très près. Le village olympique pour Paris 2024 est en cours de construction en Seine-Saint-Denis et fait déjà face à un challenge logistique pour le comité d’organisation. Bernard Thibault affirme que leur objectif pour les Jeux de 2024 est de démontrer que de grands événements peuvent coexister avec de hauts standards sociaux.

En ce qui concerne la préparation des athlètes, la joueuse de volley Lucille Gicquel s’entraîne en Turquie avant les premiers Jeux olympiques de l’équipe de France. Aux Jeux paralympiques de Paris, Cyrille Chahboune et les volleyeurs français joueront assis pour la première fois. Entre-temps, Janja Garnbret, souvent qualifiée de « meilleure grimpeuse de tous les temps », est devenue une véritable icône en Slovénie.

La route vers Paris 2024 n’est pas sans obstacles pour les athlètes. Clarisse Agbégnénou, par exemple, se prépare activement pour les Jeux, malgré un calendrier d’entraînement perturbé par le parcours du marathon. À seulement quatre mois des JO de Paris 2024, Léon Marchand, « le roi de la natation », semble être dans une bonne position. La véritable question est cependant : la France a-t-elle les moyens de se distinguer au tableau des médailles ? Simone Biles, la gymnaste américaine, est également en route pour Paris 2024, bien qu’elle exprime des inquiétudes sur son âge et ses risques potentiels.

La participation des athlètes russes et biélorusses est une autre préoccupation.

La division du mouvement sportif en Russie par rapport à sa présence aux Jeux Olympiques crée des tensions. « Les facteurs favorables sont en place pour un nouvel épisode de l’histoire des boycotts olympiques », affirme Thomas Bach, président du CIO. Par ailleurs, il indique que l’hostilité du gouvernement russe envers le Comité, les Jeux et lui-même ne cesse de croître.

Sur le plan de la billetterie, l’Etat et les gouvernements locaux ont du mal à assurer une distribution efficace des billets gratuits, en particulier pour les individus à mobilité réduite.

En ce qui concerne le budget, le Comité d’organisation affirme avoir déjà sécurisé plus de 90% des revenus. Cependant, il admet également qu’il y a eu des augmentations de salaire au sein de la direction de l’organisation. Les organisateurs, recherchant des économies, font appel aux collectivités partenaires pour obtenir de l’aide.

D’un autre côté, des enquêtes judiciaires sont en cours, Tony Estanguet, le chef des Jeux, étant maintenant également sous le regard de la justice. Le Parquet National Financier cible les « quatre mousquetaires » du comité d’organisation.

Concernant le relais de la flamme olympique, certaines municipalités s’agacent des demandes et des coûts liés à son hébergement.

En matière de Jeux paralympiques, le gouvernement fait des efforts accrus pour combler les retards en matière d’accessibilité.

Enfin, la Seine-Saint-Denis est très impliquée dans les Jeux. Le lycée professionnel Arthur-Rimbaud de La Courneuve propose une « option JO » pour lutter contre le décrochage scolaire. Le département accueillera également une grande piscine olympique. Toutefois, les habitants sont partagés entre l’enthousiasme et l’inquiétude face à la transformation du parc Georges-Valbon. Le Red Star Rugby de Saint-Ouen se trouve privé de stade à cause des Jeux. Par ailleurs, une île et un maire écologiste comptent sur « la chance » de bénéficier des Jeux.

À l’approche des Jeux Olympiques, certaines préoccupations se font sentir à Paris. Suite à la réquisition de leurs résidences, certains étudiants sont encore dans l’incertitude quant à leur situation future. Parallèlement, les organisations caritatives luttant contre la pauvreté redoutent une expulsion massive des personnes vulnérables. L’Adidas Arena, nouvelle salle emblématique située à la Porte de la Chapelle, a été inaugurée récemment, suscitant un enthousiasme général.

Toutefois, rappelons que les Jeux Olympiques ne sont pas à proprement parler une affaire unique à Paris et à la Seine-Saint-Denis, mais elle concerne l’ensemble du pays. À Marseille, par exemple, l’arrivée de la flamme olympique est attendue avec impatience, et à une cinquantaine de jours des Jeux, les habitants de la Meuse sont également sollicités pour vivre pleinement l’évènement. L’excitation est également palpable outre-mer, comme en Martinique, en Guadeloupe et en Polynésie, où l’on se prépare à accueillir les jeux de 2024 tout en craignant une surfréquentation touristique.

Au delà de l’engouement populaire, des questions environnementales se posent. Ainsi, le bassin d’Austerlitz a été inauguré dans le but de permettre aux populations de se baigner dans la Seine. Une réduction de 75 % de la pollution bactériologique de la rivière est visée, selon la ministre des sports. Cependant, le spectre d’un été suffocant sous la chaleur plane également, et des efforts pour réduire de moitié l’empreinte carbone des repas servis durant les Jeux sont en cours.

Ces enjeux sociaux mis en relief par les Jeux ne manquent pas. L’organisation peine à pourvoir tous les postes nécessaires à trois mois de l’évènement, et des mesures sont prises pour rendre les Jeux accessibles aux personnes en situation de handicap. Alors que certaines voix se font entendre contre les Jeux, la réalité du monde de l’éducation physique et sportive est contrastée, comme en témoigne la situation des piscines en France, préoccupante malgré le statut de grande cause nationale donné au sport.

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