Depuis l’incident fatal automobile du 11 février qui a emporté la vie du Kenyan Kelvin Kiptum, des accusations non fondées circulent sur le web impliquant son compatriote Kipchoge, lauréat de deux médailles d’or olympiques en marathon, dans le tragique incident. Kiptum, jeune recordman du monde du marathon (2 h 00 min 35 s, réalisé à Chicago en octobre 2023), était destiné à être le principal rival de Kipchoge aux Jeux Olympiques de Paris.
Une vidéo a été diffusée sur BBC Africa le mardi 7 mai dans laquelle Eliud Kipchoge exprimait une forte préoccupation face à l’avalanche de cybersintimidation dont il fait l’objet suite à cette suspicion induite par les réseaux sociaux. Empli d’émotion, l’ancien recordman du monde de 39 ans a partagé qu’il a été inondé de menaces de destruction de son camp d’entraînement, de ses biens en ville, de sa résidence personnelle et même de sa famille. « Je n’ai pas le levier d’appuyer sur la police pour leur signaler que ma vie est menacée. Mon unique préoccupation est donc d’exhorter ma famille à être constamment sur ses gardes… J’ai dû conseiller à mes enfants d’arrêter le vélo en plein air », a-t-il précisé.
Kelvin Kiptum, un ex-rival, a connu une fin tragique, et ce, alors qu’il était au sommet de sa gloire à 24 ans. Kiptum avait l’ambition de devenir le premier à courir la distance légendaire (42,195 km) en moins de deux heures. Cependant, sa vie a été interrompue près de Kaptagat (Kenya), où il résidait et s’exerçait. Suite à la perte de contrôle de sa voiture, celle-ci a terminé sa course contre un arbre après avoir roulé sur environ 60 mètres, selon les rapports des médias locaux. Son coach rwandais, Gervais Hakizimana, a également perdu la vie suite à ce crash. Par contre, une femme qui le accompagnait s’en est sortie indemne, malgré l’impact qui a laissé la voiture bleue écrasée.
Les véritables causes de l’accident restent cependant inexpliquées. Selon les propos de la femme survivante, Kiptum aurait peut-être été endormi au volant. Cependant, des éléments de l’accident restent flous. La famille de Kiptum exige que l’enquête soit plus détaillée. Lorsqu’elle a été questionnée par Le Parisien au mois d’avril, la mère de Kiptum a montré sa résignation : « Je m’en fiche des rumeurs. On ne sera jamais au courant. C’est le même chemin que mon fils empruntait toujours. Mais je ne reproche rien au gouvernement, à la police… Je cherche des réponses chez Dieu. C’est peut-être à cause de Kipchoge, peut-être un accident… Seul Dieu le sait. »
La suite à ces événements a perturbé la préparation des jeux. Le jour suivant le drame, Eliud Kipchoge a exprimé ses condoléances sur X, et a déploré la perte « d’un athlète qui avait tout son avenir pour engranger des succès ». Dans sa vidéo, le marathonien admet aujourd’hui avoir « perdu presque 90% » de ses amis suite à cette campagne de cyberharcèlement.
« Cela a été un choc pour moi de découvrir que des ragots négatifs à mon sujet circulaient parmi mes compatriotes, mes coéquipiers et tous ceux que je côtoie », a révélé l’athlète, soulignant que l’amitié n’est pas toujours éternelle. Le Kényan, qui vise une troisième médaille d’or olympique, le 10 août à Paris, a déjà ressenti l’impact de cette situation sur son entraînement. Il a participé au marathon de Tokyo le 3 mars dans le cadre de sa préparation, mais son rendement en a été affecté. « Je n’ai pas dormi pendant trois jours et je n’ai jamais été aussi mal en point », a-t-il regretté en terminant dixième, le résultat le plus bas de sa carrière qui a commencé en 2013, à deux minutes derrière le vainqueur, son compatriote Benson Kipruto.
Philippe Plancke, ex-entraîneur de Gervais Hakizimana, regrette que le Kényan Eliud Kipchoge ne soit plus le même depuis le début de cette affaire et la disparition de Kelvin a causé un grand choc dans le monde de l’athlétisme kényan. Tous attendaient avec impatience un affrontement entre les deux titans à Paris. Au lieu de cela, on se retrouve face à un spectacle sombre fait de rumeurs et de polémiques.