Le véhicule noir aux vitres obscurcies glisse à travers les plaines, laissant rapidement derrière lui les hautes tours centrales de Minneapolis (États-Unis, Minnesota) dans le miroir arrière. À l’intérieur, l’éclairage est doux et un écran présente un titre musical méditatif prêt à démarrer. Rudy Gobert, avec sa stature imposante de 2,16 mètres, se détend confortablement à l’arrière du véhicule, dont le cuir des sièges et le tapis au sol sont marqués de son logo – ses initiales stylisées. « La clé pour nous cette année sera de rester concentrés et de se blottir dans notre cocon », dit-il avec un sourire.
L’athlète central de l’équipe française de basket-ball, qui a dépassé la barre des 100 sélections en septembre 2023, connaît bien le sujet de la concentration. Au début de l’été 2023, il a décidé de prendre une pause. Entre les voyages, les entraînements, les déplacements et les matchs, la vie quotidienne d’un joueur de la National Basketball Association (NBA) est une perpétuelle tornade. Ainsi, le 9 avril, le jour où nous l’avons rencontré pour Le Monde, il venait tout juste de rentrer de Los Angeles la veille au soir. Il jouait contre les Washington Wizards ce soir-là, avant d’embarquer dans la nuit pour Denver (Colorado), où ses Minnesota Timberwolves affronteraient les Nuggets, les champions actuels.
Suite à une saison difficile en 2022-2023, le joueur central des Wolves (les loups) s’est réfugié dans une sorte de grotte. Pendant trois jours, il s’est retiré dans l’ombre. Il a passé 64 heures dans l’obscurité totale, sans aucune forme de divertissement comme un téléphone ou un livre. Rudy Gobert raconte que cela a été l’une des expériences les plus intenses de sa vie. Isolé dans une cabine au cœur des forêts de l’Oregon, cet adepte de la méditation a laissé ses pensées vagabonder, explorant ses rêves. C’était comme un redémarrage, loin du tumulte du monde.
Gobert, qui ne manque pas de rêves, a toujours été perçu d’un mauvais oeil en NBA. Disant qu’enfant, il s’imaginait porter le maillot d’une équipe NBA, et souvent celui de l’équipe française. Originaire de Saint-Quentin, il a accompli un à un les objectifs qu’il s’était fixés : être un joueur NBA, des Bleus, All-Star. Il raconte, « J’ai toujours rêvé de vaincre les USA, et on l’a fait lors de la Coupe du Monde 2019, pour la première fois de l’histoire des Bleus ». Deux ans plus tard, aux Jeux Olympiques de Tokyo, lui et son équipe ont de nouveau réalisé cette prouesse, rendant presque banal le fait de battre cette nation de basketball. Cependant, malgré ce succès en groupe, la France perd la finale contre la Team USA. « J’ai aussi rêvé de vaincre les Américains en finale. Je me suis vu devenir un champion olympique », partage Gobert, dont les yeux brillent et qui ne semble pas satisfait par cette médaille d’argent. « Le faire ‘à la maison’, c’est une occasion unique dans la vie ».
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