L’affrontement entre Rachid Meziane, l’entraîneur de Villeneuve-d’Ascq, et son homologue de Fenerbahçe, Valérie Garnier, s’apparentait à un duel entre David et Goliath. Meziane avait autrefois travaillé comme assistant de Garnier dans l’équipe de France féminine de basketball. Leur match se passait dans le cadre de la finale de l’Euroligue féminine, avec Villeneuve-d’Ascq, une équipe avec un budget restreint, y participant pour la toute première fois. À l’opposé, il y avait l’équipe turque de Fenerbahçe, détentrice du précédent titre, et dont le budget est trois fois plus important.
Conscient que son équipe n’était pas favorite, Meziane avait toutefois exprimé un optimisme jovial, affirmant qu’au lieu d’être faconné par la culture de la victoire comme Fenerbahçe, leur équipe évolue dans la culture de l’exploit. Dans la ville de Mersin, en Turquie, le 14 avril, ils s’apprêtaient à affronter ce challenge. Après tout, son équipe n’était pas étrangère à l’idée de réaliser des exploits, ayant réussi à se qualifier pour le ‘Final Four’ de l’Euroligue pour la première fois.
Malgré leurs efforts, les ‘Guerrières’ de Villeneuve-d’Ascq n’ont pas pu empêcher Fenerbahçe de conserver son titre continental, en s’inclinant 106 à 73.
Valérie Garnier a de quoi se réjouir, elle a atteint son but. L’ancienne sélectionneuse des Bleues (de 2013 à 2021), qui est aux commandes de l’équipe turque depuis l’été 2023, réalise la « saison de rêve » qu’elle envisageait avec 54 victoires en 56 matchs. Elle avait annoncé sans détour, après leur victoire en demi-finale contre le club local, Mersin, qu’elle se rangerait entièrement du côté de la Turquie pour la finale. Elle ne s’est donc pas laissée submerger par l’émotion de retrouver Rachid Meziane, avec qui elle a remporté une médaille de bronze aux Jeux de Tokyo. Leur collaboration a aussi conduit à certains des moments les plus brillants des Tricolores, lors des cycles européens de 2015, 2017, 2019 et 2021.
« Je l’ai dit à plusieurs reprises, je dois beaucoup à Valérie. Être recruté pour l’équipe de France, ça marque une carrière », reconnaissait Meziane dans le journal L’Equipe avant la finale de dimanche, exprimant sa fierté de se confronter à celle qui l’a propulsé au point qu’après leur rupture, il prend les commandes de l’équipe belge (en 2022) et remporte le championnat continental de l’année précédente au détriment de… la France en demi-finale.
« Vous êtes l’équipe de l’année »
Les « Guerrières » de Meziane, qui sont actuellement en tête du championnat de France, n’ont pas réussi à vaincre le « Fenerbahçe », réputé insurmontable, lors de la finale de dimanche. Cependant, leur parcours restera remarquable. Cela fait vingt ans qu’une équipe française n’avait pas disputé le titre en Euroligue.
« Ainsi, Kariata Diaby, le pivot, savourait ce moment historique après la victoire de vendredi contre l’USK Prague, une des grandes forces du basketball européen, qui avait réussi à atteindre sa troisième demi-finale en trois ans. C’est un moment qui restera gravé dans l’esprit de nombreux fans pour un long moment », a-t-elle déclaré.
De son côté, l’américaine Kayla McBride, une des figures emblématiques du « Fener », a félicité son équipe : « Elles sont incroyablement courageuses. Beaucoup pensaient qu’elles allaient perdre, mais pas moi ».
Quant à Rachid Meziane, il retourne à Mersin avec le titre de « meilleur entraîneur » du tournoi. Il a confié, lors de la cérémonie de remise des prix, qu’il n’aurait jamais pensé que cela soit possible un jour. « J’ai la sensation de vivre un rêve et je ne veux pas me réveiller », a-t-il déclaré, avant de rendre hommage à ses joueuses : « Si je suis l’entraîneur de l’année, c’est que vous êtes l’équipe de l’année. Je vous aime. »
L’internationale française Valériane Ayayi a tenu à mentionner que les Nordistes ont aussi profité de l’exclusion des équipes russes de la compétition, suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022. Ce sont les Russes qui ont remporté onze des vingt derniers titres, la saison 2029-2020 ayant été mise en pause en raison de la pandémie de Covid-19.
« La France n’a tout simplement pas les moyens financiers pour rivaliser, a ajouté l’ailière dans une interview pour L’Equipe. Nous sommes encore loin de pouvoir espérer être régulièrement, à raison d’une fois tous les deux ans, une équipe faisant partie du Top 4. » Jusqu’à présent, seulement deux clubs français ont réussi à remporter la coupe prestigieuse : Bourges (1997, 1998 et 2001) et Valenciennes (2002 et 2004). Il faudra donc patienter encore un peu avant de voir ce palmarès s’étoffer.
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