À environ une centaine de jours des Jeux Olympiques de Paris en 2024, l’alerte a été lancée par l’ONG Surfrider Foundation le lundi 8 avril sur la qualité inquiétante des eaux de la Seine, là où certaines compétitions sont censées se dérouler. Après avoir mené une opération de collecte de six mois, hors de la saison de baignade, l’association juge l’état des eaux de la Seine comme « alarmant ». De quatorze tests effectués entre fin septembre 2023 et fin mars 2024 sous les ponts Alexandre III et de l’Alma – les lieux attendus des futurs événements de triathlon et de natation en eau libre – treize ont montré des niveaux « supérieurs, voire extrêmement supérieurs », aux seuils recommandés.
Selon la directive européenne « baignade » de 2006 et les normes des fédérations de natation et de triathlon, les niveaux d’Escherichia coli et d’entérocoques, indicateurs de contamination fécale, ne doivent pas dépasser respectivement 1 000 unités formant colonie (UFC) et 400 UFC pour 100 millilitres (ml). Si ces seuils sont dépassés, l’eau est considérée comme impropre à la baignade.
Les tests réalisés par Surfrider Foundation indiquent régulièrement des niveaux d’E. coli supérieurs à 2 000 UFC/100 ml (atteignant un maximum de 7 250 sous le pont de l’Alma le 7 février) et de 500 UFC/100 ml pour les entérocoques (un maximum de 1 190 à la même date). Face à ces chiffres « alarmants », l’ONG exprime ses « préoccupations croissantes » pour la qualité des eaux de la Seine et souligne les « dangers » pour les athlètes, mais aussi pour les résidents franciliens, de se trouver dans des eaux contaminées.
La perspective d’ouvrir la baignade dans la Seine toute l’année a été rejetée par le préfet de la région, Marc Guillaume, sur Franceinfo, déclarant inutiles les prélèvements d’eau actuels. Les conditions météorologiques idéales pour la baignade estivale dans la Seine, caractérisées par un fort ensoleillement, des précipitations faibles, une longue durée diurne et un faible débit du fleuve, sont inaccessibles en hiver, comme l’a souligné Pierre Rabadan, adjoint aux Jeux Olympiques et à la Seine de la Mairie de Paris, dans une déclaration à l’AFP.
Selon des analyses précédentes communiquées à l’AFP par la Mairie à la fin de l’année 2023, entre juin et septembre de cette même année, aucun des quatorze points de prélèvement d’eau à Paris n’a obtenu un niveau de qualité adéquat en vertu des directives européennes. De plus, en août 2023, la répétition générale de plusieurs épreuves olympiques a été annulée en raison d’une qualité d’eau largement insuffisante.
La Mairie et la préfecture, qui dirigent le comité de pilotage du plan auquel l’Etat et les collectivités ont contribué à hauteur de 1,4 milliard d’euros pour rendre le fleuve baignable, mentionnent que cinq grands projets visant à garantir une Seine propre en été devraient être opérationnels dans peu de temps.
Le triathlon (30 et 31 juillet, 5 août) et la natation marathon, autrefois connue sous le nom de nage en eau libre (8 et 9 août), risquent toujours d’être affectés par de possibles fortes averses. Ces conditions météorologiques pourraient polluer l’eau de la Seine en mélangeant les eaux de ruissellement et les eaux usées. Marc Guillaume a noté que des jours de réserve pourraient être utilisés pour reporter les compétitions d’un ou deux jours en cas de « gros orage » ou de « pluie torrentielle » rendant l’eau inutilisable. Cependant, la préfecture de la région a déclaré dans un communiqué que grâce aux efforts déployés, « la qualité de l’eau de la Seine sera satisfaisante pour les Jeux Olympiques ».
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