Les lutteurs européens saisissent leur pénultième opportunité pour se qualifier pour les Jeux de Paris qui se tiendront du 26 juillet au 11 août. Le tournoi de qualification olympique (TQO) pour leur discipline aura lieu du vendredi 5 au dimanche 7 avril, où 36 quotas sont disponibles – 24 pour les hommes et 12 pour les femmes.
Cependant, ce tournoi aura lieu à Bakou, en Azerbaïdjan. Par conséquent, l’équipe arménienne et plusieurs lutteurs d’origine arménienne qui se présentent sous une autre bannière ont décidé de ne pas y participer en raison du conflit en cours avec l’Azerbaïdjan concernant la région du Haut-Karabakh.
Gagik Snjoyan, un lutteur français de 23 ans et de poids 67 kg, est l’un d’eux. Bien qu’il ait été assuré d’une protection renforcée, y compris un garde du corps, il a choisi de ne pas participer pour des raisons de sécurité, une décision influencée par l’inquiétude de ses proches qui connaissent les horreurs de la guerre.
Mamadassa Sylla, un autre français, prendra la place de Gagik. Il peut affronter le lutteur polonais Gevorg Sahakyan, également de poids 67 kg, l’un des deux lutteurs arméniens qui participent au TQO. L’autre est Eric Arushanyan de l’Ukraine, de poids 65 kg. Si Sylla se qualifie, Gagik devra laisser tomber son rêve olympique.
Ce n’est pas une nouveauté. En 2015, lors des Jeux Européens en Azerbaïdjan, les athlètes arméniens avaient connu des conditions difficiles. Des hurlements hostiles, des signes de thumbs down symbolisant une menace de mort… Pendant la cérémonie d’ouverture, la délégation arménienne – qui n’était représentée que par ses officiels – avait était fortement sifflée. Son drapeau n’avait même pas été accroché à la place des bannières.
Le moment le plus tendu avait été les épreuves de lutte, où la compétition entre les deux pays est très intense, car ils sont tous deux réputés dans ce domaine. Les bus transportant les compétiteurs étaient surveillés par des voitures de sécurité et des gardes du corps les accompagnaient en permanence, y compris lorsque ceux-ci quittaient le ring après leurs matches.
Artak Margaryan, né en Arménie mais arrivé en France à 12 ans, avait participé à la compétition. « J’étais sous pression. Je ne pouvais pas lutter correctement. Je me souviens qu’aux championnats du monde 2007 à Bakou, les lutteurs arméniens avaient eu des bouteilles de verre jetées sur la tête », a-t-il expliqué au Monde.
Repoussé par son appartenance à la délégation française, il avait rarement quitté sa chambre et les limites du village des athlètes. « Souvent, les personnes locales essayaient de lire mon nom de famille sur mon badge. Ils me demandaient : ‘Tu es qui ?’ Entre les Arméniens et les Azéris, on se reconnait… »
Lors du dernier championnat d’haltérophilie en Europe 2023 à Erevan, les athlètes azerbaïdjanais ont été la cible de tensions. Cinq d’entre eux s’étaient inscrits dans des catégories olympiques. Cependant, suite à l’incendie de leur drapeau national durant la cérémonie d’ouverture, l’équipe a choisi de quitter le pays même avant le commencement du tournoi.
Pour ceux qui n’ont pas décroché de quota lors du TQO de Bakou, ils auront une dernière opportunité de se qualifier pour les Jeux Olympiques lors du TQO mondial, prévu à Istanbul du 9 au 12 mai. Normalement, si un pays ne participe pas aux qualifications continentales, il ne peut pas participer aux qualifications mondiales. Cependant, une exception sera accordée à l’Arménie conformément aux règles de la fédération internationale.
Il est à noter que plusieurs sportifs arméniens ont déjà leur billet pour Paris cet été, en raison de leurs excellents résultats obtenus lors des championnats du monde de l’année précédente.
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