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3 avril 2024 21 h 10 min

« Bobigny Rugby Club exige actions contre racisme »

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Les chefs du club de rugby de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ont exigé des « actions concrètes », en plus d’un simple « plan de communication ». Ce mercredi 3 avril, ils se sont levés contre les insultes racistes proférées contre deux de leurs joueuses lors d’un match le dimanche précédent à Lons, en banlieue de Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Vincent Gabrelle, secrétaire général de l’AC Bobigny 93 (ACB93), dont l’équipe féminine appelée « Les Louves » joue en Elite 1 (première division féminine), a déclaré à l’Agence France-Presse: « C’est trop: non seulement nos joueuses professionnelles sont victimes de racisme, mais même nos plus jeunes joueuses doivent faire face à des insultes régulières. »
Selon lui, la Fédération française de rugby (FFR), via sa commission de l’anti-discrimination et de l’égalité de traitement (Cadet), a automatiquement pris en main le problème le mardi précédent. Une réunion de la Cadet devait se tenir le mercredi soir, durant laquelle la question des insultes racistes qui ont été adressées à nos joueuses sur le terrain et hors du terrain sera traitée, a-t-il expliqué.
Lors du dernier match de la Coupe de France de rugby féminin, qui a vu Bobigny l’emporter (20-18) contre le club béarnais, deux joueuses ont fait l’objet d’insultes racistes. Gabrelle a détaillé « L’une a été désignée comme « l’Africaine aux cheveux courts » et l’autre a été appelée « sale noire » », en ajoutant que des insultes racistes avaient déjà été proférées contre des joueuses de l’équipe réserve Elite de Bobigny deux semaines auparavant.

Le dirigeant a déclaré qu’ils espèrent plus qu’un simple plan de communication visant à souligner que le rugby n’accepte pas le racisme, ils attendent des actions concrètes. Récemment, son club a exprimé sa déception face à des commentaires irrespectueux et racistes entendus sur le terrain et en dehors, sans pour autant accuser spécifiquement le club de Lons. D’ailleurs, ce dernier a toujours été très accueillants, il lutte également pour plus de diversité dans le rugby. Les actions de quelques individus ne reflètent pas les valeurs de notre sport.

Si des actes discriminatoires sont constatés, les matchs seront interrompus. Le post de l’ACB93 sur Instagram a attiré l’attention sur ce problème, notamment grâce à la diffusion par Cameron Woki (Racing 92) et Madoussou Fall, tous deux formés à Bobigny. Les deux clubs ont discuté de ces incidents depuis dimanche, ils souhaitent élucider ces événements tout en éveillant une prise de conscience collective. De son côté, Lons a promis sur sa page Facebook de prendre des mesures nécessaires et appropriées suite à ces insultes.

Mardi, la FFR a fermement condamné les actes de racisme lors de certaines rencontres via un communiqué, exprimant son soutien aux joueurs et dirigeants affectés. Ces remarques critiquées par le club de Bobigny ne sont pas les seules. Une semaine avant l’incident lors du match entre Lons et les Louves, le club de Pantin (Seine-Saint-Denis) déplorait sur sa page Instagram le racisme ordinaire lors d’un match de leur section minime féminine contre une autre équipe de la banlieue parisienne.

La FFR a affirmé mardi que tous officiels de matchs peuvent signaler à l’arbitre immédiatement s’ils sont témoins de comportements discriminatoires ou incitant à la discrimination (en raison de l’apparence, la couleur de la peau, le sexe, l’orientation sexuelle, etc.), de haine ou de violence envers une personne ou un groupe de personnes, si l’arbitre ne l’a pas déjà remarqué. L’arbitre a alors le droit d’arrêter le match et de demander que toutes les mesures nécessaires soient mises en place pour mettre fin à toute perturbation, le jeu ne reprendra qu’après la fin de ces incidents.

Dimanche, les joueuses de Bobigny ne sont pas intervenues immédiatement, ne sachant pas qu’elles pouvaient en faire part à l’arbitre, comme l’a souligné Vincent Gabrelle. « Dans le train de retour, nous avons expliqué aux joueuses qu’à partir de maintenant, dès la première remarque raciste, la capitaine devra en informer l’arbitre et à la deuxième, elles quitteront le terrain », a ajouté le dirigeant de Bobigny.