Sébastien Racinais, responsable de la cellule « stress environnemental » au Centre de ressources d’expertise et de performance sportive de Montpellier, explore la connexion entre les conditions météorologiques et les performances sportives. De plus, il dirige un collectif spécialisé du Comité international olympique (CIO) consacré à ce thème.
Qu’avons-nous appris sur l’association potentielle entre les canicules et les performances sportives ?
Beaucoup tendent à supposer que c’est un sujet modern. Pourtant, le fait pour les êtres humains de s’exercer sous des climats chauds est une pratique ancienne. Les documents les plus anciens relatifs à ce sujet remontent à 500 ans avant Jésus-Christ, durant les conflits entre les Perses et les Grecs. Le taux d’accidents d’hyperthermie chez les combattants était conditionné par leur vêtement et le degré de leur effort.
Aujourd’hui, cette problématique gagne en importance, notamment en raison du changement climatique et de l’augmentation des températures. Par ailleurs, puisque des compétitions sportives internationales se tiennent désormais dans des régions extrêmement chaudes, c’est un enjeu de plus en plus courant. Par exemple, les Jeux de Rio de Janeiro en 2016, ou les Jeux olympiques de la jeunesse de 2026 qui auront lieu pour la première fois en Afrique, à Dakar. Les athlètes sont de plus en plus susceptibles de participer à des événements sous de fortes chaleurs.
En 2018, le CIO a formé un groupe de recherche pour se pencher sur ce sujet. Constitué de chercheurs, d’athlètes et d’équipes médicales, quel est son objectif ?
En raison de la pandémie de Covid-19, les Jeux Olympiques de Tokyo, initialement prévus pour 2020, ont été reportés à 2021. Anticipant des conditions de chaleur extrême, le CIO a formé un groupe de travail dédié à l’élaboration de stratégies pour protéger la santé et optimiser les performances des athlètes.
La mise en place de ce protocole s’inspire des championnats mondiaux d’athlétisme 2019 au Qatar. Cette compétition a introduit une section médicale spécialisée dans le traitement des coups de chaleur, avec des bains froids, de la glace et de l’eau à disposition. Ce modèle, inauguré à Doha, est désormais appliqué à toutes les compétitions.
Une autre responsabilité clé de ce groupe de travail est de sensibiliser les athlètes, y compris ceux de niveau international, aux dangers de la chaleur. En 2015, lors des Mondiaux d’athlétisme à Pékin, seuls 15% des athlètes s’étaient préparés pour les conditions chaudes et humides. En travaillant avec l’Union cycliste internationale en 2016, 38% des participants aux Championnats du Monde de cyclisme sur route à Doha avaient pris des mesures pour s’adapter à la chaleur. En 2019, plus de 60% des athlètes s’étaient préparés en conséquence pour les Mondiaux d’athlétisme. Le nombre d’abandons est significativement plus élevé parmi ceux qui ne se sont pas préparés.
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