« Nous détenons le monde en entier, mes amis », le son de Jacques Brel résonne. Ensuite, Tony Estanguet déclare : « Vous êtes les visages des Jeux. » Samedi 23 mars, au sein de l’Arena Paris, La Défense, à Nanterre (Hauts-de-Seine), le chef du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) se trouve en présence de près de 20 000 personnes : ces bénévoles qui joueront un rôle crucial cet été et qui au final seront au nombre de 45 000. « C’est l’image la plus puissante que je n’ai jamais vue après avoir travaillé sur cet événement pendant dix ans », affirme-t-il sur scène.
Cette première et, en toute probabilité, dernière Convention de bénévoles devait symboliser une progression significative dans la préparation de Paris 2024, à 125 jours de l’ouverture des Jeux. L’objectif était donc de susciter une sensation de fierté chez ces volontaires, décrits comme étant indispensables pour accueillir les sportifs, les spectateurs et même les journalistes : 34 000 d’entre eux seront en poste sur les lieux de compétition, 8 000 seront responsables de la gestion de la flotte de véhicules, et 1 800 seront positionnés dans les gares et aéroports.
Originaires de tous les départements, ils ont été sélectionnés parmi plus de 300 000 candidats. Un bénévole sur deux vit dans un département qui accueille un événement sportif. Un sur cinq est un étranger, représentant au total 190 nationalités différentes. Cette diversité est mise en avant par Alexandre Morenon-Condé, directeur du programme des bénévoles de Paris 2024 et ancien bénévole lors des Jeux d’Athènes de 2004.
Le calendrier se précise et l’uniforme a été révélé.
Philippe, un Parisien de 62 ans, compte parmi les volontaires. Il est ravi à l’idée des Jeux prochains et a été affecté à la gare du Nord, qui se situe à une vingtaine de minutes de chez lui. Donc, ce n’est pas le logement qui lui posera problème.
Avant d’assister à la Convention, il ignorait quel serait son planning. Après y avoir participé, tout devient plus clair pour lui ainsi que pour des milliers d’autres bénévoles. Ils recevront leur planning individuel, subiront une formation générale en ligne en avril, une formation spécifique à leur mission en juin et enfin, une formation sur le site quelques jours avant le début du rassemblement.
La Convention a également permis aux bénévoles de découvrir la tenue qu’ils porteront. Deux clips ont été mis à disposition, dont une vidéo assurée par Grand Corps Malade, une description par Decathlon et une chorégraphie qui a suscité un rugissement de la salle lors de la révélation des tenues.
L’équipementier français, Decathlon a conçu environ un million de pièces en polyester recyclé, dont 53% ont été fabriquées en France. Une marque d’honneur pour la marque. Quant à la récupération de la tenue, chaque ville hôte disposera d’un point de retrait. Pour l’Ile-de-France, une adresse unique a été prévue.
Une question n’a cependant pas été adressée lors de la Convention de deux heures – le logement. Ce sujet est pourtant une source de préoccupation pour bon nombre de bénévoles, étant donné la hausse des loyers pendant l’été.
« Quand on participe à ces types d’événements, on se fait beaucoup d’amis », a déclaré Michel Cadot, le délégué interministériel aux Jeux, en insinuant que les bénévoles pourront trouver un logement grâce à leurs contacts.
L’opportunité s’est offerte à Anys, un psychologue néerlandais en retraite, lorsqu’il a réussi à trouver un hébergement via un groupe de bénévoles sur Facebook. Pour Festiye, qui vient de la Meuse et qui sert les athlètes participant aux compétitions de natation, une amie à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) lui offrira un toit.
Cependant, ces bénévoles font face à un autre problème: le transport. Paris 2024 ne prend pas en charge leur déplacement pour la Convention et cela ne changera pas lors de leur retour à Paris pour la compétition.
Anne-Marie et Cécile n’ont pas eu à s’inquiéter du transport pour se rendre de Bordeaux à Nanterre, car celui-ci a été entièrement couvert. Elles devraient théoriquement avoir un endroit où se reposer cet été, si elles sont convoquées. Ces Bordelaises sont toutefois préoccupées car elles sont pour l’instant des bénévoles remplaçantes et ignorent si elles auront l’opportunité de participer aux Jeux.
Paris 2024 n’a pas donné de chiffres exacts, mais assure que des « milliers » se retrouvent dans cette situation incertaine. Cette attente peut potentiellement se transformer en frustration. Anne-Marie, une fonctionnaire de 50 ans et ancienne bénévole pour l’Euro 2016 de football, déplore un manque d’information en la matière. « Nous sommes invités à la Convention, nous sommes formés, mais nous ignorons si nous serons sélectionnés à la fin », exprime-t-elle avec regret.
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