La FFV (Fédération française de voile) a décidé d’annuler la sanction contre le skipper Kévin Escoffier, auparavant suspendu pour des allégations de violences sexuelles. La décision, annoncée le vendredi 22 mars, est intervenue suite à un « vice de procédure », souligné par un médiateur du Comité national olympique et sportif français (CNSOF) la semaine précédente.
Dans un communiqué, la FFV a précisé que le médiateur estimait que le Conseil fédéral d’appel de la FFV n’avait pas assez respecté le principe de contradiction dans sa décision. Cela était dû à l’absence d’un face-à-face entre le marin et ses accusatrices, un choix que la FFV a sciemment fait pour « protéger les personnes qui ont eu le courage de signaler » l’incident.
Escoffier a été accusé de « comportement inapproprié » et d’agression sexuelle contre une jeune femme pendant une escale de la course par étapes The Ocean Race en juin 2023 aux États-Unis. En conséquence, il a reçu une suspension de dix-huit mois de toutes compétitions, cinq ans avec sursis de suspension de licence sportive, et une inéligibilité de dix ans dans les instances de la Fédération. Ces sanctions ont été décidées par la commission nationale de discipline de la FFV fin octobre 2023, mais ont été annulées du fait de ce vice de procédure.
Originalement membre de l’équipe Holcim-PRB, où il concourait pour la victoire dans la prochaine course du Vendée Globe – un événement de voile en solo autour du monde sur des monocoques de 18m – prévue pour le 10 novembre 2024, le navigateur breton a été démis de ses fonctions. Face à cette situation, il avait engagé une procédure d’appel et, par le biais de son avocate, sollicité l’intervention du CNOSF. Mi-mars, cette instance avait rendu son verdict, octroyant un délai de deux semaines à la FFV pour repenser sa décision.
Il est à noter qu’une enquête judiciaire est actuellement en cours.
Le vendredi passé, la FFV, organe responsable de la voile en France, a consenti à cette proposition de conciliation. Toutefois, l’instance sportive a exprimé son regret qu’un vice de procédure entraîne la nullification de la sanction disciplinaire à l’encontre de Kevin Escoffier. Parallèlement, elle a célébré le fait que le médiateur juge que, compte tenu des preuves disponibles, la FFV avait eu raison d’initier des procédures disciplinaires.
Cette résolution met un terme à la procédure disciplinaire lancée contre le marin. La Fédération a en effet choisi de ne pas la poursuivre, afin entre autres d’éviter une confrontation entre Escoffier et ceux qui ont introduit un signalement. La FFV a pleinement assumé et défendu cette décision, s’appuyant sur « les directives du ministère des sports ». Elle a également évoqué sa volonté de ne pas contribuer à la confusion croissante et préoccupante entre le rôle d’une fédération sportive délégatrice, par ses pouvoirs disciplinaires, et le rôle de l’État, à travers la police et la justice, en vertu de son pouvoir judiciaire.
Si Kevin Escoffier voit sa suspension levée, il ne sera pas pour autant tiré d’affaire. Ancien participant malheureux du Vendée Globe 2020, Escoffier avait été contraint d’abandonner son navire au large du cap de Bonne-Espérance, avant d’être sauvé de justesse par un autre participant, Jean Le Cam. Depuis juillet, une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris et est désormais sous la responsabilité du commissariat de police de Lorient (Morbihan). La FFV souligne, dans son communiqué, qu’elle souhaite que l’affaire soit traitée dans la cadre de la procédure pénale en cours, s’appuyant entre autres sur les plaintes des victimes.
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