Vladimir Poutine a depuis quelque temps, donné des indications sur un éventuel boycott des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Son objectif est de protéger la Russie d’une possible chute dans le classement des médailles tout en renforçant le sentiment de rejet de l’Occident, jugé décadent et oppresseur, auprès de son public. En prévoyant d’organiser divers autres jeux comme les jeux du futur en février, les Brics en juin et ceux de l’Organisation de coopération de Shanghai en septembre, il tente aussi d’attirer le Sud global.
Poutine conteste le Comité International Olympique (CIO), qu’il accuse de « politiser » les jeux en imposant des contraintes réglementaires à la participation des sportifs russes suite à l’attaque de l’Ukraine. Quant au CIO, bien qu’il n’ait pas exclu la Russie, il a néanmoins affaibli son nationalisme sportif, ce qui lui a permis d’éviter une sanction qui aurait été contraire à ses idéaux pacifistes. Ainsi, tous les éléments nécessaires pour reproduire un autre épisode de la longue série de boycotts olympiques sont présents.
Les Jeux Olympiques de 1936 à Berlin, organisés par le IIIe Reich, représentent un exemple de boycott qui a échoué. En dépit des puissants mouvements de protestation aux États-Unis et en Europe, portés par diverses organisations telles que les groupes juifs, antiracistes, féministes, ouvriers, communistes, socialistes, sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, ces boycotts se sont heurtés à l’indifférence voire à la complaisance de nombreux gouvernements et autorités sportives. Pour avoir réussi à contrer le boycott américain, Avery Brundage, alors président du Comité national olympique américain, a été coopté au CIO, où il a servi de président de 1952 à 1972.
Comme lui, beaucoup de ses pairs partagent des sentiments antisémites, rejetant à la fois la démocratie parlementaire et le communisme. Bien qu’ils soient racistes, ils condamnent la discrimination subie par les sportifs noirs aux États-Unis pour justifier l’exclusion des Juifs des sports allemands. De plus, leur pacifisme semble simplement avancer l’agenda d’Hitler, qui loue le rôle du sport dans le renforcement des relations pacifiques entre les nations.
D’autre part, l’URSS, critiquant les Jeux olympiques pour leur individualisme, leur capitalisme et leur nationalisme, a vécu dans une solitude olympique de 1924 à 1948, mettant en valeur ses Spartakiades, leur performance collective et leur solidarité socialiste. Elle a rejoint la communauté olympique à Helsinki en 1952 avec une nouvelle stratégie : un défi physique et sportif aux États-Unis, s’immisçant dans le CIO et les organisations sportives internationales, en greffant l’amitié et la paix socialistes sur l’Olympisme, et par l’organisation des Jeux Olympiques à Moscou en 1980.
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