Selon l’association Regards Citoyens, les laboratoires pharmaceutiques auraient offerts pour plus de 245 millions d’euros de cadeaux aux médecins français entre 2012 et 2014.
Sur le site de l’association Regards Citoyens, il est ainsi possible de consulter une liste phénoménale des plus de 2,5 millions de cadeaux qui ont été faits aux médecins français par les laboratoires pharmaceutiques en France entre l’année 2012 et l’année 2014. Un véritable travail de titan a été effectué par cette association pour dresser cette liste, qui correspond au total à plus de 245 millions d’euros de cadeaux versés aux médecins en l’espace de seulement deux ans.
Si depuis 2013, les médecins sont tenus de déclarer auprès du ministère de la Santé et des impôts ces cadeaux en nature ou en espèces dès qu’ils atteignent le plafond de 10 euros, la base de données mise en ligne par le site Transparence Santé n’est pas particulièrement pratique à utiliser et comporte de gros défauts. Regards Citoyens a donc décidé d’éplucher minutieusement ces données pour les rendre plus facilement accessibles à tous.
Certains laboratoires ont ainsi dépensé des sommes astronomiques. Novartis Pharma a offert pour 17,6 millions d’euros de cadeaux déclarés aux médecins, Servier 14,4 millions et GlaxoSmithKline 11,7 millions d’euros entre 2012 et 2014. « Nous n’émettons pas de jugement moral. Mais nous savons que la gestion de ces liens d’intérêt peut mener à des conflits d’intérêt, indique Tangui Morlier, membre du conseil d’administration de Regards citoyens. Si l’industrie pharmaceutique dépense autant d’argent, c’est qu’elle y trouve son compte. On ne dépense pas 250 millions d’euros comme ça. »
Les médecins sont d’ailleurs les principaux bénéficiaires de ces cadeaux, qui vont de l’invitation à des congrès à des offres d’hébergement en passant par des « hospitalités ». Ils captent en effet plus de 80% des cadeaux offerts de l’ensemble des professionnels de santé. Les pharmaciens reçoivent ainsi 4% de la part de ce généreux gâteau, les associations des professionnels de santé également, les infirmiers 4% aussi et les fondations 3%.
Malgré la mise à disposition de cette base de données par l’Etat, il est impossible de connaître les noms des bénéficiaires. « Il est difficile d’enquêter sur eux », se lamente Tangui Morlier. « Ce qui est étrange, c’est que les autorités encouragent la diffusion de leur identité quand il faut remplir le répertoire partagé des professionnels de santé, mais qu’elles la cachent quand il faut évoquer les liens avec les laboratoires. »
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