La France reçoit une nouvelle mise en garde officielle le vendredi 25 octobre, deux semaines seulement après l’annonce de l’agence Fitch. Son adversaire Moody’s a également choisi de ne pas réduire immédiatement la cote de crédit attribuée à la dette française, maintenant la note à Aa2, équivalente à un 18 sur 20, mais en précisant qu’une « perspective négative » y est attachée. Michel Barnier, le premier ministre, est averti que si les mesures de redressement économique qu’il a promises ne sont pas réalisées, ou si des évènements tels qu’une escalade de la guerre en Ukraine viennent perturber l’économie, la note pourrait être revue à la baisse dans six mois.
Selon l’agence américaine, cette modification de la perspective est justifiée par le « risque accru » que le gouvernement français ne réussisse pas à contrôler efficacement le déficit budgétaire et la croissance de l’endettement. « La dégradation que nous avons déjà constatée est plus importante que prévu », a déclaré Moody’s, soulignant que la réaction française faible « contraste » avec les actions d’autres pays dans une situation similaire qui parviennent à restaurer les finances publiques.
Suite à cet avertissement, Antoine Armand, le nouveau ministre de l’économie, a rapidement reconnu cette décision, qui est moins rigide que le déclassement craint. Il a insisté sur la capacité de la France à réaliser des réformes majeures et a promis que le gouvernement agirait « énergiquement » pour remettre sur pied les finances publiques.
Ceci n’est qu’un avertissement avant une possible sanction sévère.
Depuis plusieurs semaines, Matignon et Bercy se préparaient à une probable dégradation. Serait-il encore possible pour Moody’s, l’un des trois principaux organes mondiaux, de conserver sa notation assignée à la France, alors que Fitch et S&P ont déjà revu leurs notes à l’équivalent de 17 sur 20 ? Considérant l’aggravation de la situation financière française et l’ouverture d’une procédure pour excès de déficit par l’Union européenne cet été, le risque était grand que Moody’s pénalise la nation en abaissant sa notation pour la première fois en neuf ans. Cependant, avant d’imposer une réelle sanction, l’agence américaine a choisi d’émettre un simple avertissement, reconnaissant les atouts de la France : « une économie puissante, saine et diverse », une démographie « plus favorable » que dans d’autres pays semblables, ainsi que des « institutions solides ».
Les agences chargées d’évaluer la solvabilité des États ont de quoi être préoccupées par les comptes français. Le déficit public, qui devait initialement être réduit à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024 après un premier dérapage en 2023, ne cesse de se creuser. Michel Barnier serait soulagé si le déficit ne dépasse pas 6,1 % du PIB à la fin de l’année. Ce chiffre est bien loin des 3 % stipulés par les normes européennes et respectées par la majorité des pays.
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