L’une des choses qui marquent au Rassemblement national (RN) est l’incroyable discipline des membres. Malgré le procès en cours relatif aux assistants parlementaires européens, Marine Le Pen, la chef du parti, a décrété qu’il n’y aurait aucune confession. À partir du 30 septembre, un défilé constant de personnes accusées insiste sur des explications peu crédibles, au risque d’encourir des sanctions sévères. En réalité, ils ont peu d’options – avouer équivaudrait à une mort politique inévitable.
Les accusés tentent de se défendre comme ils peuvent, souvent avec peu d’éloquence. Prenons par exemple la situation de Julien Odoul, actuellement député de l’Yonne et conseiller régional de Bourgogne, qui est également le porte-parole du parti. Il est supposé avoir été l’assistant parlementaire de Mylène Troszczynski, députée européenne du FN d’octobre 2014 à juillet 2015. Pour ce contrat, il a reçu 56 000 euros.
Dans le passé, en 2014, Odoul, après avoir été brièvement au Parti Socialiste et à l’UDI, rejoint le Front National. Il rencontre Philippe Martel, chef de cabinet de Marine Le Pen, et lui déclare son grand désir de travailler pour elle. À ce moment-là, ce jeune homme de 29 ans avait déjà une certaine expérience et de grandes ambitions. Martel lui envoie une note le 12 septembre indiquant : « Ouf, c’est OK. Montage financier dans une semaine. ». À cela, Odoul répond exubérant : « Alléluia ! ! ». Martel lui suggère alors qu’il pourrait être pris en charge par le Parlement européen, ce qui est parfaitement inoffensif. Ce à quoi Odoul répond calmement : « Aucun problème ».
Il a été recruté en tant qu’attaché parlementaire par la députée Mylène Troszczynski, malgré le fait qu’ils ne se soient jamais rencontrés auparavant. Le jeune homme est enjoué, alléguant que sa députée européenne (qui ne s’en rappelle pas) lui avait demandé de se rendre utile au parti politique de Nanterre lorsqu’elle n’avait rien pour lui à faire. Il a rapidement pris en charge les responsabilités de « conseiller spécial de Marine Le Pen », volontairement et après ses longues journées de travail.
« J’ai été trompée »
Julien Odoul insiste qu’il a effectivement travaillé en tant qu’assistant de la députée, même s’il dit « J’aurais préféré travailler avec Marine Le Pen, malheureusement, ça ne s’est pas passé comme ça. Je le regrette ». Cependant, il n’y a aucune preuve de son travail pour le Parlement, ce qui suscite des doutes chez la présidente du tribunal. De plus, il a écrit, le 16 octobre, à Philippe Martel, « peu importe les conditions, je suis prêt à travailler pour le cabinet et ça ne sera pas regretté ».
De manière intrigante, Julien Odoul a écrit à Marine Le Pen, le 10 février 2015, soit quatre mois après son contrat d’assistant parlementaire : « Marine, est-ce que je peux me rendre à Strasbourg demain pour voir une session du Parlement européen, rencontrer des députés et des assistants, et rencontrer Mylène Troszczynski à qui je suis rattaché ? » A la tribune, le député reste ferme. « J’avais rencontré Mylène Troszczynski au congrès de Lyon [en novembre 2014], alors j’ai voulu que nous ayons le temps de discuter… »
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