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Nouméa : hôpital perd ses soignants

Après une période de trouble pendant l’insurrection du printemps, l’hôpital de pointe Médipôle à Nouméa redonne l’impression d’une normalité extérieure. Le site, autrefois assiégé par des barricades indépendantistes et devenu une forteresse engorgée de victimes des émeutes et des forces de l’ordre, est maintenant accessible sans obstacles. Cependant, le centre de dialyse, victime d’une attaque le 13 mai, reste inutilisable, et deux voitures calcinées sont toujours là, abandonnées dans le parking adjacent.

Pourtant, derrière l’apparente tranquillité de l’hôpital, les conséquences de la crise perdurent. Le Médipôle, que le Ministre chargé des Outre-Mer, François-Noël Buffet, a visité lors de son séjour de quatre jours en Nouvelle-Calédonie, est confronté à une crise du personnel médical qui pourrait être insurmontable.

Dans le service de dialyse, Dr. Nicolas Quirin est confronté à l’absence d’un médecin remplaçant et à la défection d’une assistante planifiée. La capacité de soin a donc chuté d’environ 60%. « Certaines équipes ont tenu le coup, d’autres se sont délabrées », explique le docteur.

Les postes vacants se multiplient : le service de neurologie a perdu deux des cinq médecins. La moitié des dix gynécologues ont quitté leur poste, rendant impossible le soutien antérieur aux cliniques du nord du territoire. La situation est encore plus délicate en oncologie, où tous les trois médecins ont quitté leur poste.

La branche de la pneumologie s’est réduite à un espace restreint, et le ministre en tournée traverse un corridor totalement privé de toute activité. Le service ne compte plus que deux praticiens sur six initiaux ; il a mis fin à dix-huit lits dès juin. « Nous éprouvons du mal à suivre les patients. Et nous sommes de plus en plus confrontés à des complications juridiques médicales. Heureusement, les gens ici ne sont pas enclins à poursuivre», remarque le Dr. Cristian Boboc.

À l’échelle hospitalière, les « métropolitains », qui composent un quart du personnel médical, semblent nombreux à chercher à partir. « Certains essaient de vendre leur logement. La majorité des départs se feront avant juillet, pour être prêts pour la rentrée scolaire en septembre. Nous craignons cette période », met en avant le président de la commission médicale de l’institution, le Dr. Thierry de Greslan. « Nous devons faire le deuil de ce qui s’est passé. Le déni est révolu, restent la colère et la tristesse. » D’après ce professionnel, « si les départs s’élèvent à 25% du personnel, la situation peut basculer et l’hôpital pourrait s’écrouler. Nous observons déjà une augmentation de l’absentéisme ».

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