Michel Barnier invite Bruno Retailleau à le rejoindre. Du poste frontière de Saint-Ludovic à Menton (Alpes-Maritimes), à l’instant crucial où il définit les grandes orientations de sa politique migratoire, le vendredi 18 octobre, le premier ministre assure que lui et son ministre de l’intérieur sont en parfaite synchronisation. Il semble indifférent au fait que le titulaire du poste au Ministère de l’Intérieur provoque des controverses par ses remarques audacieuses mettant en doute l’état de droit ou affirmant que l’immigration n’est « pas une opportunité » pour la nation. Au final, c’est « le premier ministre qui décide », selon Matignon. Cependant, bien que ce dernier soit plus diplomate dans ses déclarations, son accord avec son ministre souriant à ses côtés est très apparent.
« Les Français exigent une stratégie efficace de contrôle de l’immigration », déclare Michel Barnier, confirmant la promulgation d’une nouvelle loi sur « l’immigration » en 2025. La proposition donne des frissons aux membres de la coalition gouvernementale macroniste. La précédente loi, adoptée en décembre 2023 avec le soutien du Rassemblement national (RN) et qui comportait de multiples dispositifs inconstitutionnels, a failli faire exploser le camp présidentiel. Pourtant, il faut la « renforcer », avertit le premier ministre.
Jusqu’à présent, l’administration n’avait fait que mentionner sa volonté d’élargir la période de rétention maximale à 210 jours, contre les 90 actuels. La question se pose maintenant de savoir si les initiatives présentées par la droite seront incluses dans la législation de 2023, qui ont été précédemment bloquées par le Conseil Constitutionnel pour être perçues comme des modifications législatives non pertinentes. Bruno Retailleau, en particulier, a expressément exprimé sa volonté d’imposer des sanctions pour un séjour irrégulier, d’instaurer une période de résidence minimale de trois ans pour les prestations sociales et de renforcer les critères pour l’immigration familiale et étudiante. Le premier ministre, quant à lui, avance prudemment, sans confirmer ni rejeter les plans du ministre de l’intérieur. Selon lui, la « question cruciale » de cette loi est de « faciliter la mise en œuvre du pacte européen sur l’asile et l’immigration », prévue pour 2026, qu’il aimerait accélérer. Il appelle à ce que chacun reste « serein ».
Beauvau met l’accent sur l’harmonie entre MM. Barnier et Retailleau, une affirmation soutenue par Matignon. Conscients du soutien majoritaire de durcissement de la politique communautaire des membres des états, ces deux hommes politiques républicains sont alignés. Suite au conseil européen qui a eu lieu à Bruxelles les 17 et 18 octobre, une demande urgente pour une nouvelle proposition législative visant à renforcer et accélérer les expulsions a été faite par les Vingt-Sept. Le sujet à l’étable est la révision de la directive européenne de 2008, également connue sous le nom de « Retour », qui établit les normes pour l’éloignement des étrangers en situation irrégulière. M. Barnier, exprimant son bonheur à Menton, note une prise de conscience. Selon lui, tous les pays font face à ce problème et s’y confrontent conjointement dans un esprit renouvelé qui écarte les controverses et l’idéologie. Il espère que cette mentalité européenne se répandra chez eux.
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