La reprise a été manifestement difficile pour les représentants locaux. Mis en évidence pour leurs coûts par le gouvernement Attal au début du mois de septembre, ils sont furieux à la perspective d’avoir à s’engager dans un effort de 5 milliards d’euros que le premier ministre, Michel Barnier, attend d’eux en 2025. Pendant ce temps, la Cour des comptes a ajouté son propre apport en suggérant, dans un rapport publié le 2 octobre, d’éliminer 100 000 employés territoriaux.
« Nous pouvons clairement voir le déroulement », déclare Johan Theuret, directeur général adjoint en charge du secteur des ressources à Rennes Métropole et à la Ville de Rennes, co-fondateur du cercle de réflexion Sense du service public. Un déficit qui se détériore, la quête d’économies et la question du personnel des autorités locales entrent dans le débat… Ce n’est pas une nouveauté. »
La Cour des comptes indique que « les dépenses en personnel, qui représentent un quart des dépenses des autorités, connaissent une croissance régulière », et envisage une « optimisation » possible. L’application partout de la durée légale de travail et la lutte contre l’absentéisme pourraient permettre de réaliser des économies, selon les juges financiers. Ils proposent ensuite une mesure radicale : ramener la fonction publique territoriale, qui compte 1,9 million d’agents, à son niveau de 2010. Cela se traduirait par la suppression de 100 000 emplois, soit 5,25 % de l’effectif. Économie prévue : 4,1 milliards d’euros à partir de 2030.
« Accusation facile d’incompétence »
La raison pour laquelle on se réfère à l’année 2010 est due au fait que pendant une décennie, de 2011 à 2021, aucune nouvelle attribution de responsabilités de l’Etat n’a été conférée aux autorités locales, selon la banque. En dépit de cela, les consortiums de municipalités – ou intercommunalités en pleine expansion – ont employé 112 100 agents supplémentaires (+ 48 %), tandis que les municipalités n’ont réduit leur personnel que de 3 %. Pourtant, l’idée était justement que les municipalités devaient diminuer leur nombre d’employés en déléguant des tâches à leurs intercommunalités.
Au-delà des chiffres, les responsables locaux y voient une autre forme de dédain de la part des hauts fonctionnaires de Bercy, qui les perçoivent comme des gaspilleurs, incapables de contrôler leurs dépenses salariales. « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de place pour des économies, » continue M. Theuret, « mais c’est avant tout une accusation infondée d’incompétence des élus en matière de gestion des ressources humaines. »
Le Maire (divers droite) de Charleville-Mézières, Boris Ravignon, se dit également convaincu que c’est le mépris des financiers qui se fait sentir. « Mais c’est principalement due à leur manque de connaissance: les juges de la Cour des comptes ne comprennent pas comment fonctionnent les autorités locales, » commente celui qui a récemment été chargé par la ministre du partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, de simplifier le « millefeuille administratif ». Dans un rapport rendu en mai, M. Ravignon a estimé à 7,5 milliards d’euros la complexité de la répartition des compétences entre l’État et les collectivités locales.
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