Cinq semaines après avoir assumé son rôle, Michel Barnier fait face à des défis majeurs. Le projet de loi de finances pour 2025, présenté devant un président silencieux lors d’une réunion du conseil des ministres le 10 octobre, a fait l’objet d’un examen en commission des finances de l’Assemblée nationale le lendemain. Avec une dette considérable, une dérive budgétaire incontrôlable, une situation internationale tendue, des marchés financiers imprévisibles et une Assemblée nationale divisée, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a sympathisé avec la situation, la comparant à escalader l’Himalaya sans gants.
Le plan de Michel Barnier pour le budget, qu’il espère voir approuvé par le Parlement d’ici fin décembre, illustre un changement radical par rapport aux stratégies des quatre prédécesseurs. Les mesures comprennent une réduction du nombre de fonctionnaires, l’augmentation des impôts pour les grandes entreprises et les individus les plus fortunés, exigeant une contribution des retraités et coupant les collectivités locales. Ces actions sont prévues pour réduire le déficit public de 6,1% à 5% du PIB.
Alors que la gauche a condamné sans hésitation le budget d’austérité’et l’extrême droite a critiqué l’effort très inégalement réparti entre riches et pauvres, des critiques émanent également du camp présidentiel, en particulier du groupe macroniste Ensemble pour la République, qui est une partie essentielle de la faible majorité relative. Le député Renaissance de la Gironde, Thomas Cazenave, ancien ministre délégué chargé des comptes publics dans les gouvernements d’Elisabeth Borne et de Gabriel Attal, a déclaré au Monde qu’il soutenait la réforme des finances publiques. Cependant, il a exprimé son désaccord avec certains aspects, notamment l’augmentation des charges sociales pour les entreprises, car cela entraîne une augmentation du coût du travail – une rupture avec la politique macroniste d’origine.
Il y a une tension notable concernant le gel des pensions de retraite et l’augmentation des taxes sur l’électricité, comme l’a fait remarquer un élu, en mentionnant que c’est la seule énergie non carbone que nous produisons. De plus, la surtaxe sur les profits des grandes entreprises, contre laquelle l’ex-ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait mis en garde au nom de l’attractivité de la France, passe mal aussi. Emmanuel Macron, lui-même, a déclaré le 2 octobre à Berlin, que la solution ne pouvait pas être de « surtaxer ». Cependant, le groupe macroniste hésite à s’opposer à l’augmentation des impôts sur les grandes entreprises et les plus riches, une proposition apparemment populaire.
Les débats ont été vifs pendant l’élaboration du budget entre le premier ministre et les députés macronistes. Invité par son prédécesseur Gabriel Attal à s’exprimer mardi devant le groupe EPR, le premier ministre s’est « offusqué », selon un participant, face à une députée qui a simplement fait remarquer que sa présence était attendue depuis longtemps. Après la réunion, un haut responsable du parti présidentiel s’est demandé pourquoi le Premier ministre, un politicien expérimenté, avait manifesté une telle sensibilité. Le premier ministre a reconnu jeudi devant les journalistes qu’il était « plutôt spontané ».
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