L’événement marquant de la semaine de la mode de la social-démocratie s’est déroulé samedi dernier, le 28 septembre, à Bram, dans la campagne audoise, autour d’un grand cassoulet. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, membre du Parti socialiste (PS), a lancé cette invitation, voulant prouver que la social-démocratie auto-proclamée « responsable » ou « de gouvernement » était loin d’être terminée, et parlant plutôt d’une majestueuse résurrection d’un phénomène de mode.
Plus de 2 000 personnes ont assisté à l’événement lors de ces quatrièmes « Rencontres de la gauche », où les principaux acteurs de la social-démocratie ont défilé. Bernard Cazeneuve, arborant une unique veste rouge foncée de saison, ornée de boutons dorés, restait inébranlable malgré le fait qu’il n’ait pas été nommé Premier ministre. Raphaël Glucksmann, le fondateur de Place publique, affichait une passion apparemment inépuisable pour son grand retour politique, après des semaines de retrait médiatique. Quant à François Hollande, ancien président de la République et juge de l’élégance, il semblait plus qu’heureux d’avoir repris son rôle de député de Corrèze.
L’événement a également vu la présence de figures politiques comme Karim Bouamrane, le maire (PS) de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) qui a un moment été envisagé pour le poste de Premier ministre, ainsi que Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, Benoît Payan, maire (divers gauche) de Marseille, Nicolas Mayer-Rossignol, maire (PS) de Rouen, Michaël Delafosse, maire (PS) de Montpellier, entre autres.
La troupe se prépare pour une tournée imminente. Ils anticipent une prochaine manifestation de pouvoir, qui débutera ce jeudi à Saint-Ouen, où Karim Bouamrane présentera son mouvement, La France humaine et forte. Ensuite, ils prévoient de se rendre à La Réole (Gironde) le week-end du 6 octobre, où Raphaël Glucksmann a l’intention d’augmenter le nombre de membres de son parti, Place publique.
« Un renouveau certain »
On croyait cette question définitivement réglée et archivée, les sociaux-démocrates ayant été totalement marginalisés, suite au mandat de François Hollande qui a laissé une partie de la gauche insatisfaite. En particulier, ils ont été scandalisés par l’adoption de la loi « travail » et par les débats passionnés sur la révocation de la nationalité. De plus, 1,75 % des voix ont été attribuées à Anne Hidalgo lors de la dernière élection présidentielle, ce qui est le score le plus bas de l’histoire du PS, la dernière explosion avant la dévastation.
À la lumière de la solide performance de Raphaël Gluckmann aux élections européennes où il a obtenu 13,8 % des voix, un gain de 7,6 points par rapport à 2019, la social-démocratie semble désormais avoir un visage plus favorable. Malgré la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron en juin, cette progression n’est pas passée inaperçue. À Bram, on pouvait voir des sourires éclatants qui ne provenaient certainement pas du repas quotidien. « Les élections européennes ont marqué un tournant », explique Nicolas Mayer-Rossignol. « Avant, la social-démocratie représentait le passé, la passivité. Nous étions dans une impasse stratégique, enfermés par la Nupes [Nouvelle Union populaire, écologique et sociale]. Cependant, depuis ces élections, nous constatons un renouveau du côté gauche, une gauche moderne et proactive, une social-démocratie libre de toute inhibition. C’est une évolution considérable. Il est certes amusant de faire des hologrammes [allusion à la technique utilisée par Jean-Luc Mélenchon pour tenir plusieurs meetings simultanés lors de la dernière campagne présidentielle] mais cela ne crée pas d’emplois pour les chômeurs. » Il vous reste 62.02% de l’article à lire. Les abonnés ont l’accès exclusif à la suite.
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