« Evitez toute discussion politique ici, c’est notre choix, » déclare un vendeur de légumes au marché de Neuvic-sur-l’Isle en Dordogne, par une matinée fraiche de septembre. Il est loin d’être le seul à esquiver le sujet. Entremêlés de militantisme passionné et de différends entre clients qui ont parfois tourné à la bagarre lors de la campagne des législatives, les stands du marché ont été le théâtre de tensions électorales ces derniers mois.
Miroir de la situation nationale, la première circonscription de Dordogne, qui s’étend de Périgueux à Montpon-Ménestérol le long de la vallée de l’Isle, a été le témoin de conflits entre électeurs lors des élections. Le résultat de ces élections a été très serré : Nadine Lechon (Rassemblement national), néophyte en politique, a battu la députée sortante, Pascale Martin de « La France Insoumise », de justesse avec 91 voix d’avance (50.09%), faisant de cette circonscription l’une des rares à basculer de la gauche vers l’extrême droite. Selon Mme Martin, ce basculement serait dû à un transfert de voix des électeurs du centre et de la droite moins bon qu’ailleurs. »
Le parti d’extrême droite, le Rassemblement national (RN), a déjà montré sa force lors des élections européennes dans le département traditionnellement de gauche, remportant trois des quatre circonscriptions. Cependant, malgré le ralliement de la 3e circonscription et la réélection du député RN de la 2e, la joie des partisans du RN a rapidement été éclipsée par les résultats nationaux du 7 juillet. José, un supporter de 53 ans, était dévasté.
Son sentiment d’indignation et de répulsion s’est amplifié quand, malgré une présence majoritaire dans de nombreux districts au premier tour et une augmentation significative de leur soutien à travers le pays, le RN n’a réussi qu’à se classer troisième au soir du second tour, avec 126 sièges. Cela est dû à l’application d’un « barrage républicain » à son encontre, qui a entraîné des retraits de candidats d’autres partis et des appels à voter contre le RN.
Jean-Pierre, un électeur de 82 ans qui a soutenu Nadine Lechon, exprime son sentiment que le RN a été « volé » lors de ces élections malgré le gain de « 10 millions de voix ». Il accuse ce qu’il a vu le soir des résultats d’être une « fraude ». Ce retraité du secteur bancaire exprime son irritation face à l’exclusion du RN et de ses seize alliés ciottistes de postes clés à l’Assemblée.
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