Eric Zemmour met un terme à sa carrière politique. Touché par des échecs électoraux, lâché par la majorité de ses supporters, mis à l’écart par le pouvoir monopolistique du Rassemblement National (RN) de l’extrême droite, et supplanté par le retour en force du parti Les Républicains (LR), l’ex-journaliste du Figaro a reconnu que la politique était « finie » pour lui, le samedi 7 septembre à Orange (Vaucluse), au terme d’une conférence d’été qui ressemblait à un crépuscule ridicule.
Bien que Zemmour ne souhaite plus participer à la politique, persuadé d’avoir plus que jamais raison, il reste politiquement actif… dans le but de purifier la France de la politique. Son tout nouveau « plan », qu’il décrit comme une « révolution copernicienne », est le suivant : « Nous devons prouver que ce n’est pas la France qui doit être la seconde de la politique, mais que c’est la politique qui doit être centrée sur la France. » La fréquence à laquelle chaque élection le réduit à la position de polémiste extrême et l’éloigne du pouvoir a conduit l’homme de soixante ans à déclarer la guerre à ce milieu qu’il rêvait de contrôler lors de l’élection présidentielle de 2022.
Dans un discours monotone et accueilli par peu d’applaudissements, l’intellectuel identitaire a proposé une critique longue et contradictoire de « la politique ». L’homme qui voyait de la politique partout ne souhaite plus la voir nulle part. « Nous devons libérer nos familles, nos entreprises, notre culture, nos intelligences, et même nos religions des griffes des partis, car ils interviennent même dans nos religions » a déclaré l’homme dont l’engagement et son parti ont été fondés en opposition à l’Islam.
L’opposant qui s’est autoproclamé ennemi des enquêtes d’opinion, ne se soucie pas de faire des volte-face. Ce dernier basait sa « révolution » sur l’interprétation d’un récent sondage qui exposait la défiance des Français envers les « partis politiques ». Une opportunité mais, en même temps, une reconnaissance de son échec. Il questionne: « Sommes-nous les représentants de ceux qui ont saisi que pour stopper toute perte, il est nécessaire de modifier les règles en cours ? », Mais sa question ne récolte pas l’élan qu’il avait espéré.
Les invités sont deux fois moins nombreux que l’année précédente
Il est dur de susciter de l’engouement avec des coups de sonde « anti-politiques » parmi les 1800 personnes qui, malgré la canicule, préféraient des démonstrations contre l’immigration et le RN; ces deux sujets à débats permanents pour les fieffés Zemmouristes. Gloria (qui a préféré rester anonyme), une mère de famille de 60 ans née à Saint-Domingue, commente que Marine Le Pen « ne défend pas la France; elle est extrêmement sociale et échoue à véritablement stopper l’immigration. Nous avons atteint le point de non-retour: nous devons sélectionner très rigoureusement les étrangers en optant pour les scientifiques ou les ingénieurs ». Non loin d’un stand proposant les écrits de Renaud Camus, promoteur de la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement », deux hommes se scandalisent à l’idée que la gélatine de porc pourrait un jour ne plus figurer dans les bonbons en France, remplacée par le « tout halal ». Ces adhérents, pour maintenir leur passion militante, ont dû se contenter du programme éclectique de la journée.
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