×
google news

« Bayrou: Changement de loi électorale nécessaire »

François Bayrou, un fervent défenseur depuis longtemps de l’adoption du scrutin proportionnel pour les élections législatives, estime que la situation politique problématique actuelle confirme sa position en dévoilant les failles du système électoral en vigueur, un vote majoritaire uninominal organisé en deux tours. Il rappelle que cette modification du système électoral était une des conditions de son union politique avec Emmanuel Macron en 2017. En tant qu’ami proche du président, il propose de faire approuver cette modification de la législation électorale par le biais d’un référendum.

Plus de sept semaines après la tenue anticipée des élections législatives, la France est encore à la recherche d’un nouveau premier ministre. Selon votre avis, est-ce que l’impasse politique actuelle est une conséquence de notre système de vote?

En majeure partie, oui. Cette législation électorale oblige les personnes, qui n’ont pas de philosophies ou d’orientations politiques en commun, à former une alliance artificielle pour augmenter le nombre de voix. En plus, le vote majoritaire encourage le conflit. Il est plus avantageux sur le plan électoral d’identifier un adversaire et de le combattre. La simplification de l’affrontement et de l’antagonisme est plus profitable qu’une approche constructive. D’un côté, on a les « méchants » et de l’autre, les « purs » et tout accord est prohibé. Ce blocage est prévu.

Néanmoins, comment le vote proportionnel pourrait-il fournir une solution alors que la fragmentation politique actuelle entraine l’impasse?

La loi de représentation proportionnelle est équitable et engendre en plus un panorama politique inédit. Elle incite chacun à se montrer sous son véritable jour tout en approfondissant ses propres pensées. Une fois qu’on a dépassé, disons, le seuil de 5%, on est assuré d’avoir un bloc parlementaire représentatif. Cependant, tout le monde est conscient qu’il n’atteindra pas la majorité individuellement. Par conséquent, on doit percevoir ses rivaux non seulement comme des ennemis, mais également comme des partenaires potentiels. On comprend que des alliances devront être formées avant même l’annonce des résultats. Cela change complètement la donne. De plus, j’ajoute que la situation actuelle est assez comique. Pendant des années, les partisans du vote majoritaire nous ont assuré que c’était le seul moyen d’obtenir des majorités. Et le résultat est sous nos yeux : une Assemblée plus divisée qu’elle ne l’a jamais été. Leurs claims sont devenues intenables.

La question n’est pas abordée dans les divers pactes proposés, y compris ceux de vos alliés de la majorité sortante. Comment expliquez-vous cela alors que le sujet peut être unificateur, selon vos propos?

Le système électoral forge les mentalités, non seulement pour une élection unique, mais aussi pour l’avenir. Même dans une Assemblée devenue si diversifiée et donc contrainte au compromis, les attitudes majoritaires, le clannisme, la caricature et l’aversion pour ses rivaux subsistent. Néanmoins, je remarque que l’idée de la proportionnelle est désormais ancrée dans toutes les consciences. C’est le seul horizon plausible pour normaliser le pluralisme. Elle oblige toutes les forces politiques à reconnaître la légitimité, même de leurs adversaires. Il est désormais inévitable, et heureusement pour ça, que cette idée progresse.

Il vous reste 58.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Lire aussi

example 1140
Politique

Cérémonie chamanique au Musée

18 septembre 2024
Dans la salle des familles du Musée de l'homme, mardi matin du 17 septembre, six boîtes grises de grande taille, équipées de poignées blanches, étaient placées de façon alignée sur…
example 1137
Politique

Barnier: Pas de gouvernement formé

18 septembre 2024
Approfondissement: L'éventualité d'avoir "Bernard Cazeneuve à Matignon" a suscité une réaction au sein du Parti socialiste. L'exécutif: Emmanuel Macron orchestre une supposée répartition des tâches avec Michel Barnier. Du côté…
example 1119
Politique

Matignon refuse documents clés

18 septembre 2024
Michel Barnier a fait une entrée intrigante dans la scène parlementaire. Derrière une façade polie se cache une détermination inflexible. Face à la requête des députés de la commission des…
example 1111
Politique

Hausse impôts crispe députés macronistes

18 septembre 2024
Charlotte Herzog a également apporté sa contribution à ce direct. Pour aller plus loin, l'éventualité d’une nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon laisse une impression au sein du Parti socialiste.…