Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre de François Hollande, est-il laissé dans le doute par le président Emmanuel Macron ? Le 30 août dernier, en soirée, Cazeneuve n’avait toujours pas reçu le moindre indice du président, malgré les récents soupçons de l’Elysée quant à sa possible réinformation à Matignon. Cazeneuve – revenu à son ancienne profession d’avocat en 2017 – ne peut donner qu’une seule réponse à ses amis qui le questionnent sur sa situation : depuis un repas avec Macron en mars, il n’a eu aucun échange direct avec lui.
Nos sources indiquent que Cazeneuve a cependant été contacté par un représentant de l’Elysée au début août pour discuter de ses plans futurs. Sa réponse incluait qu’il n’était pas sollicité mais qu’au vu des difficultés actuelles du pays, il était disposé à « faire son devoir ». Depuis, il n’a reçu aucune nouvelle.
Pendant ce temps, Cazeneuve a commencé à consulter d’anciens collègues dans le but de constituer un éventuel cabinet. En privé, celui dont le nom a fait le tour des médias ces dernières semaines avec une popularité fluctuante, n’hésite pas à exprimer sa frustration de ne pas savoir quelle sera sa prochaine danse, deux mois après les élections législatives. « Je ne supporte pas l’idée d’être manipulé… », a-t-il récemment confié à une personne proche.
Est-ce que l’Elysée est à la recherche d’un nouveau chef de gouvernement qui pourrait faire face à une Assemblée divisée, sans risquer une chute immédiate? C’est la question qui semble troubler Emmanuel Macron, qui a manifestement fait mention de Bernard Cazeneuve pendant la réunion des socialistes à Blois. Est-il possible qu’il envisage une autre candidature? Macron, dont la préférence était d’abord pour un Premier ministre de droite, pourrait-il chercher à attirer Les Républicains vers une coalition malgré leurs résistances? D’autant plus que Nicolas Sarkozy les a récemment exhortés à prendre le pouvoir dans un entretien avec Le Figaro le 30 août. La vérité reste incertaine.
Toutefois, il est clair que désigner Bernard Cazeneuve à la tête de Matignon comporterait des conséquences, tant sur le plan politique que personnel. Cela signifierait d’abord que Macron accepte de céder une partie de son autorité, reconnaissant ainsi son échec le 7 juillet. Cela marquerait aussi implicitement l’échec de sa ‘nouvelle vision’, au point de devoir faire appel à l’ancien régime. Comme si on faisait un pas en arrière, et que la ‘révolution’ macronienne s’auto-suspendait. Finalement, ce serait comme ‘partager’ le pouvoir avec un politicien expérimenté et ruse, qui a déja fait ses preuves.
Bernard Cazeneuve est respecté par la droite et la gauche, et n’est pas du genre à se laisser faire, même s’il est reconnu pour sa fidélité et sa discrétion. En privé, il affirme qu’il ne sera pas un Premier ministre de gauche appliquant une politique de droite, tout en insistant sur son désir de cohabiter avec Macron. Mais ce dernier, désirant préserver son bilan sans renoncer à son confort, peut-il faire ces concessions?
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