Bernard Cazeneuve est-il en passe de devenir le Premier ministre par excellence en période de crise ? Connu pour avoir permis à un François Hollande largement contesté de clôturer son mandat en 2017, l’ancien Chef du gouvernement (2016-2017) va-t-il parvenir à surmonter la turbulence actuelle du second mandat d’Emmanuel Macron ? Son nom apparaît en tout cas en tête de liste pour Matignon, suite à une semaine de discussions à l’Élysée.
Cazeneuve, étant une figure réputée et respectée aussi bien à droite qu’à gauche, est l’une des rares personnalités susceptibles de ne pas être immédiatement censurée par la majorité de l’Assemblée, d’après l’entourage du président. Le critère principal pour la sélection d’un Premier ministre est justement d’éviter un rejet précoce.
« Une personne qui sait rassembler les opinions de droite et de gauche et qui est connue pour son indépendance vis-à-vis du président de la République doit être choisie »: telle était la recommandation de Jean-Michel Blanquer, l’ancien ministre de l’Éducation (2017-2022), le jeudi sur France Inter. Il a notamment mentionné Bernard Cazeneuve. En fait, l’ancien ministre de l’Intérieur (2014-2016) n’est une cause d’irritation ni pour la droite, ni pour l’extrême droite, a-t-on relevé à l’Elysée à la suite des consultations.
Même si cela pourrait être difficile à accepter pour certains, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale ne censurerait pas instantanément un gouvernement Cazeneuve. Cependant, l’ancien socialiste « devra se justifier auprès de la gauche et lui donner des garanties », avertit un ex-ministre de François Hollande. Le Parti Socialiste (PS) a déjà identifié des mesures symboliques à adopter, telles que l’annulation de la réforme des retraites et l’augmentation du SMIC.
« Une odeur de cohabitation ».
Bernard Cazeneuve, l’ancien collègue de gouvernement d’Emmanuel Macron, n’a pas été indulgent envers le successeur de François Hollande. En effet, il entretient des relations tendues avec Macron depuis que ce dernier s’est lancé dans la course présidentielle de 2017. De plus, le choix de Cazeneuve comme Premier ministre pourrait afficher l’ambition de cohabitation du président, qui a pris l’engagement de ne pas choisir un Premier ministre issu de son propre parti. Cette cohabitation à trois entre Macron, le gouvernement et l’Assemblée nationale pourrait donner naissance à une « coalition », une fusion des termes coalition et cohabitation, terme déjà présent à l’Élysée.
A ce jour néanmoins, aucune offre n’a été faite à Cazeneuve. Il a informé ses interlocuteurs qu’il ne souhaite pas se porter candidat. Bien qu’il ait eu des discussions avec le ministre démissionnaire des transports, Patrice Vergriete, un membre du PS, et avec l’ancien président de l’Assemblée nationale et fervent soutien de Macron, Richard Ferrand, l’avocat du prestigieux cabinet August Debouzy n’a pas reçu de nouvelles de Macron ou de son équipe depuis des mois. Cazeneuve est agacé de voir son nom cité sans avoir eu une conversation directe avec le palais présidentiel. Toutefois, il a laissé entendre qu’il envisagerait une proposition, compte tenu de la situation d’urgence du pays. Comme il le déclarait au début du mois d’août sur LCI, sa principale inquiétude est d’empêcher que « le pays ne sombre dans le déclassement, dans l’ingouvernabilité ».
Laisser un commentaire