Comme on pouvait s’y attendre, Emmanuel Macron a écarté l’idée d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire (NFP) dans la soirée du lundi 26 août. Le président, dans une déclaration transmise par l’Elysée juste avant 20h aux salles de presse, a rejeté la possibilité de donner le poste de Matignon à Lucie Castets.
« La nécessité d’une stabilité institutionnelle rend cette alternative impossible, » a-t-on expliqué, indiquant qu’un tel gouvernement basé uniquement sur le programme et les partis offerts par l’alliance présentant le plus grand nombre de députés, le Nouveau Front Populaire, serait immédiatement condamné par tous les autres groupes représentés à l’Assemblée Nationale. Le communiqué ajoute qu’il y aurait immédiatement une majorité de plus de 350 députés contre lui, ce qui l’empêcherait inévitablement d’agir. Il évoque les voix combinées de la coalition présidentielle (166), de la droite (47) ainsi que de l’extrême droite (142), qui ont toutes promis ces derniers jours de mettre un terme instantané à un gouvernement du NFP, qui serait soutenu uniquement par 193 députés.
La proposition de nomination de la haut fonctionnaire Lucie Castets à Matignon, formulée par les quatre partis formant l’alliance de gauche, signifierait l’acceptation d’un gouvernement précaire, a expliqué les proches du Président. En effet, si le Président nomme un premier Ministre tout en sachant qu’il sera renversé, il violerait la Constitution, qui lui impose d’assurer la stabilité et l’indépendance du pays.
Le samedi 24 août, Jean-Luc Mélenchon, leader des « insoumis », a provoqué le camp présidentiel en évoquant la possibilité d’un gouvernement du NFP sans ministres de la France Insoumise, afin de mettre en évidence que ce premier round de consultations était en vérité un moyen de marginaliser la coalition de gauche, dont le programme est rejeté par le camp présidentiel.
Emmanuel Macron a permis à Gabriel Attal de répondre à l’homme fort de LFI lundi. Le premier ministre ayant démissionné a critiqué ce qu’il considère comme une «fausse apparence d’ouverture» et une «tentative de prise de contrôle par la force», arguant dans une lettre envoyée à ses 99 collègues députés que l’idée de M. Mélenchon revient à «supprimer un nom de la façade d’un magasin, sans apporter de changement à son contenu». Il a ensuite expliqué que «la mise en œuvre unilatérale» du programme de la NFP «mènerait à une pression fiscale sans précédent», «à une ruine économique de notre pays» et «à une remise en question dangereuse de certaines de nos valeurs les plus importantes, notamment la laïcité».
Un jeu d’illusion
Désireux de ne pas heurter la gauche – et de décocher une pique au résident de Matignon Clément Beaune, secrétaire général adjoint de Renaissance, a regretté que M. Attal décrie l’idée avancée par le dirigeant de l’extrême gauche comme une «prise de pouvoir par la force». «Restons ouverts et constructifs, nous ne devons pas nous exprimer comme LFI», recommande-t-il.
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