Soudainement, il devient un phénomène omniprésent. Karim Bouamrane, bien qu’actif dans le domaine politique depuis trois décennies, vit son moment de gloire à la manière de Warhol. Alors inconnu du grand public, ce socialiste de 51 ans est parvenu à se faire un nom dans les médias grâce aux Jeux Olympiques, dont une partie s’est déroulée dans la commune qu’il dirige, Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis, où il est maire depuis 2020. Lorsque Saint-Ouen s’est jumelé avec Los Angeles, future ville hôte des JO en 2028, le New York Times lui a dédié un long portrait le 12 avril, qui fut publié en première page, incitant ainsi une vague d’articles élogieux dans les journaux étrangers. « Obama von der Seine » (« Obama de la Seine »), a titré Die Welt, le quotidien allemand.
Le 17 août, le Figaro Magazine a publié un nouveau portrait – « Karim Bouamrane, le visage d’une autre gauche » -, dans lequel le maire socialiste plaide en faveur d’une « coalition » et critique les actions de La France Insoumise, en la qualifiant de force qui décerne « les bons ou les mauvais points de gauche » et « communautarise le pays sous l’angle ethnico-religieux ». Cela a suscité des réactions enthousiastes sur X, notamment auprès de la gauche anti-Mélenchon. Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a salué « Respect », tandis que l’ancienne députée socialiste du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault a déclaré « Motivant ! ».
Le passé de Seine-Saint-Denis est toujours plein d’événements, c’est un lieu de dons exceptionnels, dans lesquels Karim se distingue », souligne Claude Bartolone, ancien président socialiste de l’Assemblée nationale. Julien Dray, cofondateur de SOS Racisme, le voit comme « la prochaine génération de l’extrême gauche », comme le « merveilleux maire de Saint-Ouen ». « Une étoile est née », a conclut l’ancien conseiller de François Hollande, Gaspard Gantzer, qui le considère potentiel candidat à la présidence de la République. C’est aussi simple que ça.
Karim possède un puissant soutien, allant de l’ancien ministre de la ville, Jean-Louis Borloo, qui le voit en privé arriver jusqu’à l’Élysée, à l’investisseur Matthieu Pigasse (membre du comité de supervision du groupe Le Monde), qui loue sa capacité à « compromettre » et la façon dont son ami a su « transformer sa ville », l’apaiser et la rendre attractive. Il a également une excellente relation avec l’ancien ministre macroniste Clément Beaune, qui soutient également une coalition au sein de l’Assemblée nationale.
Croyances « universalistes »
Ces attentions particulières ont finalement attiré l’attention de l’Elysée, qui trouve le profil de Karim Bouamrane intéressant. Dans la spéculation sur le Premier ministre, un jeu de leurres et de ballons d’essai, son nom est l’un des plus mentionnés ces jours-ci. Dans le camp du président, on se souvient que le président a toujours aimé surprendre : après avoir nommé une femme (Elisabeth Borne), puis le premier ministre le plus jeune de la Ve République (Gabriel Attal), l’ascension d’un fils de maçon marocain, qui a apporté sa contribution au succès des JO, entrerait immédiatement dans l’histoire. Cependant, la personne concernée, qui affiche des convictions dites « universalistes », n’aime pas qu’on le réduise à ses origines.
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