En réponse à la proposition de Sonia Backès pour l’autonomisation des provinces, Philippe Michel, l’un des figures clés non indépendantistes du groupe Calédonie ensemble, a répondu avec une pointe de sarcasme en suggérant des débats houleux concernant le prochain modèle social. Sonia Backès, l’ex-secrétaire d’Etat à la citoyenneté du gouvernement de Borne et actuelle présidente non indépendantiste de la province Sud, a fait cette proposition lors d’un discours le 14 juillet.
Dans son discours, elle compare le peuple kanak et la culture occidentale à l’eau et l’huile, en disant qu’ils ne se mélangent pas. Plutôt que d’essayer de les fusionner, elle propose que ces deux cultures marchent ensemble « côte à côte », remettant ainsi en question l’esprit de l’accord de Nouméa de 1998, qui avait pour but de bâtir un futur commun.
Il est possible que cette proposition controversée soit une réponse aux paroles d’Emmanuel Macron, qui dans une lettre adressée aux Néo-Calédoniens le 18 juin, appelait à la définition d’un « nouveau contrat social » afin de renouer avec le fil de leur histoire commune, une idée reflétant la notion de « refondation du contrat social » que l’on retrouve dans le préambule de l’accord de Nouméa. Cet accord porte principalement sur la reconnaissance de la culture kanak. Cependant, il semble que ce modèle soit « à bout de souffle ».
Avant même les événements qui ont marqué la Nouvelle-Calédonie le 13 mai, la nécessité d’une réforme de l’archipel était déjà évidente. En 2021, lors de son discours de politique générale, Louis Mapou, président de l’exécutif local, mettait en lumière l’épuisement du modèle néo-calédonien, pris en étau entre une stagnation des revenus fiscaux et une augmentation explosive des dépenses, notamment en matière de santé et de protection sociale. Deux ans après, il utilisait exactement les mêmes termes lors de l’ouverture du Forum Perspectives, destiné à dévoiler le nouvel ordre économique et social tant attendu.
C’est le premier gouvernement indépendantiste depuis celui présidé par Jean-Marie Tjibaou au début des années 80, qui montre de grandes aspirations réformatrices à la suite de l’icône indépendantiste. Malheureusement, trois ans après son investiture, et malgré les conditions liées aux derniers prêts de l’État pour des réformes structurelles, son bilan est plutôt mince.
La paralysie n’est pas étrangère à l’histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie. Franck Enjuanes, doctorant en histoire économique, examine le rôle des maisons de commerce en Nouvelle-Calédonie. Selon lui, leur importance dans le développement économique et social entre 1853 et 1988 a résulté d’un système d’exemptions et d’allègements spécifiquement néo-calédonien, mis en place pour satisfaire divers groupes et professions, voire pour défendre des intérêts concernant uniquement une seule entreprise. Cela a été une catastrophe en termes de recettes fiscales.
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