Dans des circonstances normales, elle aurait dû être en train d’admirer la tour de Pise en ce moment, profitant du soleil de la Toscane, avant de se rafraîchir avec un spritz. Mais, à la place, Lucie Castets a décidé de tout abandonner pour accepter un emploi d’été plutôt inhabituel : persuader Emmanuel Macron de la nommer première ministre, alors qu’il ignorait totalement son existence encore deux semaines auparavant. Tous ceux qui ont croisé Lucie depuis le mardi 23 juillet, le jour où elle a fait son entrée sur la scène politique française, sont convaincus qu’elle a le culot nécessaire pour cette responsabilité. Elle a d’ailleurs déjà à affronter sa première grosse épreuve.
Le mercredi 31 juillet, Le Canard enchaîné a révélé que la candidate du Nouveau Front Populaire (NFP) au poste de premier ministre avait préféré prendre des congés payés plutôt que de se mettre en disponibilité pour commencer sa « campagne ». Des élus de droite parisiens ont ensuite alerté le procureur de la République, l’accusant de « violation de son devoir de réserve ». Mais elle n’a pas pris cela à coeur. Son assurance reste inébranlable. « Il n’y a aucun problème juridique », a-t-elle affirmé au journal Le Monde, un vendredi matin, le 2 août. Ses préoccupations sont ailleurs. Elle doit prochainement rencontrer, par visioconférence, les quatre chefs de parti du NFP : Marine Tondelier des Écologistes, Fabien Roussel du Parti communiste français, Olivier Faure du Parti socialiste (PS) et Manuel Bompard de La France insoumise (LFI). Entre l’envergure du défi – « le jour où l’on est appelé, on doit être prêt » – et les réunions qui débutent toujours de la même façon – « Je leur expose ce que j’ai l’intention de faire » – elle a beaucoup à gérer.
Lucie Castets utilise la première personne pour affirmer son autorité, tout en gérant simultanément trois tâches gigantesques. Premièrement, elle doit mettre en œuvre le programme du NFP, qui est encore en phase de réflexion. Depuis ses premières interactions médiatiques, elle a maintenu une constance dans son discours : ne pas déroger au programme du NFP, qui constitue son socle de travail. Selon ses priorités, les thèmes centraux sont la transition écologique, l’amélioration du pouvoir d’achat et la réforme des services publics en dégradation.
L’adoption de lois avec une majorité relative peut-elle être envisagée ? Elle qualifie cette tâche de complexe, voire « impossible d’arriver à une coalition totale à l’Assemblée », mais estime que c’est réalisable au cas par cas, avec des députés provenant de la majorité précédente. Comment exclure un consensus général sur la revalorisation des salaires noeturnes des infirmières ?
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